Je ne fais pas mon âge, c’est
un fait indéniable. A la question
rituelle, et piège il est vrai : « à
ton avis, j’ai quel
âge ? », invariablement on se plante, on se vautre et on m’ôte
aisément une dizaine d’années.
Mes 47 printemps sont sources
d’étonnement. La situation me fait désormais sourire car, il n’y a pas si
longtemps, mon prétendu jeune âge ne me conférait aucunement le sérieux auquel
seules les années et l’expérience donnent droit. Il est vrai que se faire
traiter de collégien lorsqu’on est déjà en terminale a de quoi énerver, surtout
si l’on doit systématiquement montrer patte blanche, c’est-à-dire sortir le
précieux sésame, sa carte de lycée avec sa trombine dessus, envahie par l’acné.
Oui, parce que pour clore le
tout, l’acné juvénile est passé par moi et a décidé de faire un long séjour sur
mon corps… enfin sur mon front et mon nez jusque 25 ans bien sonnés. Aucun
dommage collatéral pourtant car il semblerait que j’ai une peau de bébé. Ni
fards, ni maquillage. Au naturel c’est bien mieux. Mes rides sont celles
d’expression et mes yeux pétillent le plus souvent. Ma bonne humeur quasi
constante et mes accès de folie ont raison du sérieux qu’est censé conférer une
presque quinquagénaire. Aïe, le mot est lâché !
Et c’est ainsi que toujours
avec « non, ce n’est pas vrai, tu
les fais pas ! » s’achève invariablement la réponse à la
question.
En effet, selon mon état civil,
honnêtement, moi-même j’ai du mal à croire à l’âge que j’ai. Et ce n’est pas un
hasard si les textes de Dino Buzzati
ont une telle résonnance en moi : le temps qui court, qui court, et qui ne
revient pas.
Il faut croire aussi que ma
taille n’arrange rien à l’affaire. Petite je suis ; petite je resterai. Il
faut croire donc que l’on m’a plongé dans une fontaine de jouvence et
que les effets du temps sur moi sont au ralenti.
Enfin, si l’on me prête encore
vie, j’ose espérer que je serais une vieille dame facétieuse, une Calamity Jane pourfendant les injustices
de sa cane… ou de son déambulateur.
Allez savoir !