lundi 19 décembre 2016

Fontaine de jouvence



 Je ne fais pas mon âge, c’est un fait indéniable.  A la question rituelle, et piège il est vrai : « à ton avis, j’ai quel âge ? », invariablement on se plante, on se vautre et on m’ôte aisément une dizaine d’années.

Mes 47 printemps sont sources d’étonnement. La situation me fait désormais sourire car, il n’y a pas si longtemps, mon prétendu jeune âge ne me conférait aucunement le sérieux auquel seules les années et l’expérience donnent droit. Il est vrai que se faire traiter de collégien lorsqu’on est déjà en terminale a de quoi énerver, surtout si l’on doit systématiquement montrer patte blanche, c’est-à-dire sortir le précieux sésame, sa carte de lycée avec sa trombine dessus, envahie par l’acné.

Oui, parce que pour clore le tout, l’acné juvénile est passé par moi et a décidé de faire un long séjour sur mon corps… enfin sur mon front et mon nez jusque 25 ans bien sonnés. Aucun dommage collatéral pourtant car il semblerait que j’ai une peau de bébé. Ni fards, ni maquillage. Au naturel c’est bien mieux. Mes rides sont celles d’expression et mes yeux pétillent le plus souvent. Ma bonne humeur quasi constante et mes accès de folie ont raison du sérieux qu’est censé conférer une presque quinquagénaire. Aïe, le mot est lâché !

Et c’est ainsi que toujours avec « non, ce n’est pas vrai, tu les fais pas ! » s’achève invariablement la réponse à la question.

En effet, selon mon état civil, honnêtement, moi-même j’ai du mal à croire à l’âge que j’ai. Et ce n’est pas un hasard si les textes de Dino Buzzati ont une telle résonnance en moi : le temps qui court, qui court, et qui ne revient pas.

Il faut croire aussi que ma taille n’arrange rien à l’affaire. Petite je suis ; petite je resterai. Il faut croire donc que l’on m’a plongé dans une fontaine de jouvence et que les effets du temps sur moi sont au ralenti.

Enfin, si l’on me prête encore vie, j’ose espérer que je serais une vieille dame facétieuse, une Calamity Jane pourfendant les injustices de sa cane… ou de son déambulateur.

Allez savoir !

lundi 17 octobre 2016

Wind of change

Le titre est une convergence entre ce frétillement que je pressens depuis quelques temps et un titre de chanson que j'ai largement emprunté à Scorpions (merci Arte pour ce documentaire samedi soir sur ce groupe teuton). Et non, ce n'est pas « still loving you ». Danke schön Herr Klaus Meine.



Il y a cinq ans, quand j'ai fait mon coming out végétarien, soit on me riait au nez en pensant que je changerais vite d'avis, soit en se moquant « gentiment » de moi, ou méchamment selon le degré de bienveillance de mon interlocuteur. Et le degré de connerie, il faut bien le dire ici.

Or, quand on me connaît, je ne suis pas vraiment du genre à changer d'avis tous les 15 du mois. Je suis peut-être un hérisson, mais certainement pas une girouette. Et je m'en fous aussi que cela soit devenu tendance, car je suis quelqu'un de conviction. Comme tel, je ne fais juste que les appliquer.

Mon évolution étant ce qu'elle est ; ma réflexion étant ce qu'elle est, je me considère comme à 95% végétalienne. Le 5%, ne chipotons pas sur le chiffre – mais encore trop important à mon goût, est ce chiffre sur lequel je fais un compromis en m'accordant des écarts... juste végétariens, les écarts. Faut pas déconner non plus !

Ce soir là, au restaurant – bistrot gastronomique typiquement français, avec tout ce que cela comporte, mon implication éthique est revenue une nouvelle fois sur le tapis. Pas de mon fait, je l'avoue, mais comme je mangeais différemment... il fallait bien que l'on parle de quelque chose. J'avais eu la présence d'esprit de prévenir le chef cuistot de mes habitudes alimentaires. Le chef m'avait donc concocté un menu végétarien de A à Z, que certains de mes collègues de table ont jalousé : jolies assiettes, joliment colorées, largement parfumées. A la réponse habituelle du : « oui, je suis végétarienne », on lança le débat. Enfin, en fait de débat, il n'y en eut pas mais plutôt une convergence d'opinions plutôt favorables, à mon grand étonnement, sur cet état de fait dans lequel je me trouvais par choix, éthique, raisonné et raisonnable.

Là même où on m'aurait asséné du « il y aura toujours de la salade », « il y aura toujours des graines », on affirma dans cette joyeuse tablée qu'on y arriverait, tôt ou tard. Non, à se contenter de manger de la salade ou des graines, mais au végétarisme, végétalisme, et autres ismes sonnant comme de petites victoires. Pour ma part, c'est encore tard... mais ne soyons pas le lièvre de la fable ; rongeons notre frein en souriant, tout en réexpliquant le pourquoi du comment, et « non, les poissons ne poussent pas sur les arbres ».

L'un des convives avoua également qu'il avait testé les steaks de soja et qu'il avait trouvé ça plutôt bon. Moi de sourire en mon for intérieur, car cela faisait un moment que j'étais passée à autre chose que le steak de soja – qui dépanne, il faut le reconnaître, quand on est en territoire hostile, ou que le choix est limité.

Celle qui avait lancé ce faux débat lui demanda alors s'il avait lu la composition de ce fameux steak. Que nenni. Il ne comprenait rien à cette liste de composés. Ce à quoi elle déclara tout net que ce manque de lisibilité l'empêchait justement de prier l’Église du Saint Soja.

Pour le coup, j'avais franchement envie de rigoler. Si seulement elle savait tout ce qu'on injectait dans le cul des pauvres poules qui ne demandaient rien, ni des pauvres bœufs, ou des cochons. Bref, comme dit le dicton : « C'est l’Hôpital qui se fout de la charité ! ».

Mais ça y était, me convainquais-je à la fin de cette soirée. Cette lente révolution des mentalités. Doucement, ce vent de changement, grâce sans doute aux nombreux documentaires et aux reportages chocs de L214 – que sais-je encore ?

Alors oui, j'avais décrété que je n'en parlerais plus. Mais ce sujet est un sujet qui me tient vraiment à cœur. C'est ma façon à moi de militer pour un monde plus juste, moins barbare, moins cruel. Il se pourrait bien que j'en parle encore, ici ou là comme, par exemple, le prosélytisme des omnivores.

lundi 26 septembre 2016

22h04

Nul ne peut dire pourquoi ces choses là arrivent toujours la nuit. Peut-être que le grand ordonnateur pense que la peine est atténuée, la nuit, et elle l'est car vous êtes épuisée – votre corps abdique, même si vous avez encore assez d'esprit pour prendre la terrible décision. Mais le jour vous savez consciemment que le chagrin reviendra, et la dure réalité avec.

Vous êtes déjà passée par là. Hélas. Le cycle de la vie.

Ce genre de choses se sent quand on tient compagnie à des petites boules de poils, que parfois vous sauvez de la rue ou de la bêtise tout court.

Je l'ai veillé. J'ai pris soin de lui. Je lui ai donné à manger à la main. Parce que j'avais encore un faible espoir. Mais hier. Hier j'ai enfin accepté de le laisser partir. Je lui ai murmuré à l'oreille qu'il avait le droit de partir et qu'il s'était battu comme un petit lion.

Il est mort dans mes bras. Mon corps a réchauffé le sien toute la journée d'hier. Nous étions apaisés tous les deux même si le chagrin reste en moi.

Aujourd'hui, soutenue par une amie, je l'ai amené chez le vétérinaire afin de procéder au dernier rituel, à l'adieu solennel. Tous mes amis ont été présent à un moment ou un autre dans ce processus et je les en remercie.

Je l'ai porté, blotti contre moi dans son plaid bleu qu'il aimait bien. Puis je lui ai adressé un dernier adieu sur cette froide table, comme l'était son petit corps. Et, quand je récupérerais ses cendres, je les disperserais quand bon je le jugerais et où bon me semble.

Ce n'était qu'un petit lapin, me rétorqueront certains qui ne comprennent pas et qui me jugeront sans doute parce je suis une adulte ; que ça ne se fait pas. Mais pour citer Lamartine : « On n'a pas un cœur pour les hommes et un cœur pour les animaux, on a un cœur ou on n'en a pas ».

A ceux qui me méprisent ou me moquent, je leur répondrais que c'était mon petit compagnon durant 7 longues et belles années où il a eu une jolie vie, j'ose le croire. Je ne veux en garder que les belles images.

J'aurais voulu venir ici avec des nouvelles plus joyeuses ou plus cocasses après ce long silence. Mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut. «Inch Allah » m'a dit A. hier par SMS. Et, malgré mon âge et mon expérience – je suis déjà passée par là, je suis toujours surprise de ressentir autant de chagrin. Ce vide que je vais combler en m'occupant davantage de mes deux rescapées parce que je les ai un peu délaissées durant ces derniers temps où je me battais à côté de mon « crapaud » comme j'aimais à l'appeler.

Il était plus ou moins 22h04 quand Enzo nous a quitté pour aller gambader au pays des carottes magiques.

Je ne veux en garder que cette truffe curieuse.

R.I.P.




mercredi 15 juin 2016

Jour de Match... (ou pas!)

Des Russes furieux d'avoir perdus contre la Slovaquie ? Des Slovaques heureux d'avoir damné le pion à la Grande Russie ? Que nenni. Match houleux  entre la maréchaussée et les supporters anglais, déjà plus qu'ivres  qui me font détourner de mon chemin habituel au sortir de la gare.





 










D'ailleurs, jour étrange que ce jour, entre tensiomètre qui me prend cette maudite tension à raison de toutes les 20 minutes. Grosse drache bien de chez nous ce matin qui me prend par surprise au sortir du train et qui me fait rester en grosse chaussette de laine toute la journée, au travail, vu que mes tennis sont proprement et scandaleusement noyées. Comme je suis trempée de la tête aux pieds.

Oui, nous somme en Juin, à la veille de l'été et aujourd'hui, comme tous les jours, c'est jour de match, tandis que je joue le contre la montre.

Et puis j'écris. Je noircis des pages dans le train et sur mon ordinateur. Des trucs persos, moins futiles qu'il n'y parait. Que je posterais... ou pas. Car la vie c'est un match contre moi même. 


vendredi 27 mai 2016

Rencontre(s) du 3ème type... (vacances j'oublie tout)

Mardi 

Qui dit mardi, dit manifs. Qui dit manifs dit bourres pifs. Juste pour la rime, bien sûr mais, au vu des derniers événements, la rime n'est pas si superflue.

J'ai donc sillonné les rues de ma ville en scandant timidement les slogans que scandaient mes camarades autour de moi. Contre cette loi du travail qui risque de casser justement le travail.

J'en ai fait des manifs pourtant, surtout quand j'étais étudiante ou même lycéenne – à moi les « Devaquet, si tu savais, ta réforme où on s'la met ! ». De mémoire d'arpenteuse de rue contestataire, je n'ai jamais ressenti une telle tension aux abords des carrefours, devant l'Opéra, ou face au bosquet, rue Nationale. Les centaines de représentants de l'ordre - mais quel ordre quand on voit la pagaille ? - ne nous donnent pas de sentiment de sécurité, bien au contraire. Et nous de surveiller chaque recoin ; de lever les yeux au ciel comme si on s'attendait à ce que ça s'abat.

Pour une manif tendue, on est servis. Dire que j'ai voté pour ça !

Dans cette atmosphère délétère, nous avons cependant discuté avec un jeune homme et sa mère. Militants de mère en fils.

 

 Jeudi

On remet ça. Ça quoi ? Une nouvelle manifestation. Placée cette fois sous le signe de la bonne humeur. Les chants scandés/chantés sont bon enfant, certes un peu provocateurs, mais toujours dans la bonne humeur. Je romps avant la fin. Je raccompagne mon filleul en gare de Lille Flandres

Manque de pot, les trains sont bondés. Le mot est faible. On se croirait dans un métro de Tokyo, aux heures de pointe. C'est presque si les gens se poussent les uns les autres afin de monter dans les rames. Jour de grève donc. Moins de trains.

Mais pourtant.

Pourtant, le train d'Armentières est juste en face. Et part 4 minutes plus tard. Pourtant les voyageurs d'Armentières montent dans celui de Calais et empêchent les usagers de prendre celui là. 

Manque de pot donc, Calaisiens, Hazebrouckois et autres retardataires devront attendre le train suivant, le dernier train de la journée, soit 1 heure et demie plus tard.

J'espère que la jeune dame enceinte l'aura eu, ce fichu train.

Au retour, je me fais accoster par un jeune immigré qui me demande si je parle anglais afin de l'aider à prendre un ticket sur la borne automatique.... pour prendre le prochain train pour Calais.

Il faut croire que j'ai une bonne tête.


Samedi

De retour de Roubaix où mon amie photographe et moi avons profité de la « nuit des arts », ce genre de de chose n'arrive qu'à moi.

Ce, c'est notre rencontre improbable avec deux jeunes mormones américaines juste en face de nous, dans le métro.

Quelle est en effet la probabilité qu'une telle chose produise ? Infime, me direz vous. Et pourtant c'est bien ce qui s'est produit comme dans une de ces rencontres du 3ème type.

Nous passons rapidement du français à l'anglais, nous interrogeant mutuellement et de manière fluide. L'une est de San Francisco ; l'autre de l'Utah, l'ETAT mormon par excellence. Nos camarades de voyages nous disent que notre anglais est excellent, ce qui fait toujours plaisir, en passant.

Notre conversation animée fait l'objet de tous les regards dans la rame, dont celui amusé de mon voisin de droite que je soupçonne d'avoir compris tout au moins  grand partie de nos échanges. 

Arrivées à République, nous échangeons justement nos numéros et mails. Il n'y aura rien pour la suite, certainement, surtout pas quand nous leur avons annoncé que nous et la religion.... c'était pas notre came. Mais l'occasion était trop belle.

Tout cela sur une semaine de temps, le temps de mes vacances où, à l'instar ce cette chanson des années 80, j'ai vraiment tout oublié pour opérer un vrai break, en commençant par fêter comme il se doit mon anniversaire parce c'était un samedi et que je n'aimais pas forcément les chiffres ronds. Et parce que, aussi, les amis d'amis ont amenés des échanges intéressants, et que la magie a opéré pour faire que cette soirée soit l'une des plus belles soirées depuis bien longtemps.

En tout cas pour moi.

Des rencontres du 3ème type comme ça, j'en veux plus souvent. Mais, mon pseudonyme de blog oblige, je gage que cela n'en restera pas là....



lundi 9 mai 2016

Waz'aime

Au départ, je voulais simplement parler de la Louche d'or, le festival de la soupe 2016 qui existe depuis déjà seize ans, mais c’est en déambulant dans ma rue de Wazemmes, mon quartier, pendant la braderie du même nom, durant ce lumineux samedi, que je me suis mise à écrire une note pour moi même, une lettre à Marine en fait. Qui ne la lira pas, bien entendu.


Marine, sache que tu n’es pas la bienvenue ici. Ici, c’est mon quartier, ma ville, mon territoire et tu n’as pas le droit d’y pisser comme tu pisses sur la France en bafouant ses idéaux et ses principes. Tu n’es pas la bienvenue, sauf si tu décides de déposer tes armes et accepter le fait que la différence, en vérité ça assemble.

Ici, nous sommes une communauté. Une communauté d’humains où chacun a sa place. Ni plus ni moins. Et nous ne sommes pas des moins que rien même si nous avons l’air de ne rien faire en nous rassemblant ainsi pour faire la fête, souvent.

Ici nous sommes plusieurs langues, plusieurs sexes, plusieurs continents. Il y a des gays follement gais ou follement ordinaires, des catholiques qui vont à la messe le dimanche, des protestants qui protestent à tous vents, des musulmans qui se tournent vers la Mecque cinq fois par jour. Des croyants, des non croyants ; des athées, des agnostiques, des qui veulent - ou qui demandent à croire. Ici c’est métissage et assemblage de couleurs, de sons et d’odeurs du marché – menthe fraîchement coupée, cannelle et pastèque. Cette mixité dans un joyeux bordel de convivialité et de fraternité – ce mot que tu sembles avoir oublié, rayé de ton dictionnaire. Un melting pot de cultures où l’on peut aussi bien danser sur de la samba que sur du Rachid Taha ; où l’on se réchauffe autour d’une soupe et l’on s’échauffe, gentiment, autour du houblon qui coule à flots tandis que les flonflons des accordéons nous appellent immanquablement. Ici nous vivons sans ressentir de la suspicion pour ce qui diffère. Et on s’engueule aussi. Parfois, souvent même. Mais n’est-ce pas le propre dans toutes les familles nombreuses ? Bien sûr aussi, tout n'est pas rose, mais n'est-ce  pas le propre de la vie, qui  n'est pas un si long fleuve tranquille ?

Alors...

Alors Marine, viens, viens à Waz'aime. Et laisse de côté ta haine.Ce n'est ni bon pour ton karma ni pour le nôtre.

lundi 11 avril 2016

Je peux léguer à la science...


Mon cerveau qui, malgré les quelques bugs, est toujours en état de marche. Beaucoup d’imagination, un peu trop diront certains ; avec une tonne de mots à l’intérieur, des mots oubliés, peu usités à qui rendre les honneurs. Des mots que je tais parfois pour panser les maux car sans pensées nous ne sommes que des pantins sans cervelle.

Mes reins. Tout va bien de ce côté-là. Vu la quantité d'eau que je bois en continu. Tout va donc très bien, Madame la Marquise. Je ne te donnerais pas ma chemise. Je l’ai fait par le passé, pour ce que cela m’a rapporté. Qui dit reins dit vessie, cela va sans dire. Elle fonctionne, elle fonctionne en bon petit soldat.

Mon foie qui, bien qu’amateur de houblon et de jus de raisin fermenté, va bien lui aussi - touchons du bois, et qui n’est pas attaqué par la foi qui nous divise tous ici bas.

Mon sang, puisque je suis donneuse universelle. Ça peut toujours servir. Donner je sais, recevoir : un peu moins – c’est me faire violence.

Et, tant qu’à faire, si j’en avais le courage, une fois au moins, un peu de moelle osseuse. Parce qu’on n’en parle pas assez, hélas.

Mes pieds qui ne sont ni plats, ni égyptiens ou encore romains. Ces pieds qui ont tant et tant marché et marchent encore fort bien. Ne se lassent pas. Ni dans la foule, ni entre les bruits des klaxons de ces automobilistes rageurs à la veille du weekend. Mes pieds donc, même si je doute que les greffes de pieds deviennent tendance. 
 
Mon index pour lancer une dernière fois un doigt rageur à tous ceux qui se pensent supérieurs, dans leurs droits et vainqueurs. Cherchez l’erreur, chers offenseurs !

Ce que je ne peux ni veux :

Mes yeux. Des yeux de vieille chouette fatiguée. Plus myope que moi tu meurs. Comme ce n’est pas un cadeau, je préfère les garder jusqu’au bout, quitte à laisser mes binocles les trois quart de mon temps... je ne dors tout de même pas avec ces maudites lunettes, encore que, bien fatiguée, sur le canapé...

Ma taille de mini moy qui m’a bien valu des tracas. Du plus trivial au plus existentiel : faire appel à quelqu’un pour attraper quelque chose sur le rayon du haut ; savoir quoi dire à quelqu’un qui vous blesse de toute sa supposée hauteur en pensant que vous ne valez pas tripette parce que petite.

Mon cœur. Même s’il bat régulièrement et constamment. Qui parfois se décroche dans ma poitrine comme des cymbales au Carnaval. Mon cœur a peu servi certes, mais mal. Les mauvaises personnes. Les mauvais endroits. Les mauvais moments. Je ne l’ai guère épargné, pas plus qu’il ne l’a fait le salaud. Alors je construis. Je construis un mur infranchissable. 
 
Mes oreilles. Mes petites oreilles de lutin malicieux. Par que je les aime bien, tout simplement.

Ma langue, bien pendue il est vrai. Parfois à mes dépends mais surtout à celui des autres. Ma langue qui est un bien meilleur outil pour communiquer avec les autres, bien mieux que les Smartphones et autres réseaux sociaux.

Et puis ma curiosité, qui est en est le moteur et qui me nourrit chaque jour. Ma curiosité qui n’est jamais maladive, intrusive ou méchante. Je ne vous la laisse pas. Cultivez là. Faites-en un vaccin pour l’inoculer à tous ces humains qui restent enfermés sur eux-mêmes. 
 
De cela et de toutes ces choses, à la science ou à qui veut bien, je lègue. 
 
Ou je garde.

mercredi 6 avril 2016

Never mind to be insane....

Je ne vais pas me rendre malade – mon cerveau le fait assez bien pour moi. Je ne vais pas me rendre triste puisque je le suis déjà. Alors je fais semblant.

Je fais semblant que tout va bien. Mais tout ne va pas bien. Tout n’est pas rose et mon âme est morose ces temps ci. 
 
Je ris comme un système de défense. Je plaque un sourire pour ceux qui me posent la question. Sont-ils réellement soucieux ou non ? Je ne sais pas.

J’aurais tout pour être heureuse pourtant. Et je ne le suis pas. Les années de galère que j’ai connues si longtemps – les gros orages – sont derrière moi - même si je sais que je dois encore tenir la corde. Je devrais me sentir libre mais mon cerveau ne me laisse aucun répit. Il y a des gens qui sont heureux de vivre – comment font-ils ? Je ne suis pas ces gens là. Il y a des gens qui ne se posent aucune question, ou si peu. Mon cerveau s’en pose des milliards à chaque seconde. Je ne connais toujours pas la raison du pourquoi, ni du comment.

Je remplis mon âme et mon cœur comme je le peux. Mon âme que je veux faire briller, à défaut de plaire. Mais je suis arrivée au bout des artifices. Je me sens vide, vidée de toute substance comme si ce corps que je loue n’est plus à moi. 
 
Ce corps que je malmène, que je délaisse. 
 
Ce cœur que je piétine de peur qu’un autre le piétine à ma place.

Je suis juste un puzzle dont il manque la pièce essentielle à la compréhension du tableau final. 

 Je suis le fou sur l’échiquier.

Et je ne sais pas quand la partie se terminera.


.... But yet

mardi 15 mars 2016

Vie de M....


Au boulot, nous avons changé de téléphone il y a quelques semaine. Les cadrans dignes d'un tableau de bord spatial. Les manipulations sur ce bel outil technologique sont soit hasardeuses, soit maladroites. 
 
Nous appelons un client afin de lui demander si nous pouvons répondre à l'appel d'offre pour la fin de semaine au lieu du lendemain, comme demandé dans le mail.

Personne au bout du fil, si ce n'est le répondeur. Rien que de très banal.

Sauf que.

Sauf que, étant persuadés d'avoir raccroché, le répondeur en vérité enregistre toute la conversation qui s'ensuit et nos blagues très potaches. Jusqu'au moment où on entend le haut parleur nous asséner justement l'implacable vérité : que nous pouvons réécouter le message, ou l'effacer.

Nous nous regardons, médusés.

Parce que.

Parce que, le temps de comprendre ce qui vient de se passer, le temps de réagir pour contrer l'inévitable, le combiné est déjà reposé sur son socle, coupant net la voix synthétique de ce maudit répondeur.

Vie de M. quoi...

mercredi 20 janvier 2016

Le Bon Coin, ça craint... parfois





Le Bon Coin, c'est bien pour acheter ou vendre n'importe quoi, de la paire de gant de boxes, aux rollers ou encore quand on cherche à déménager. Malheureusement, parfois on clique sur la partie "animaux" et notamment les lapins. Et souvent, on s'attriste, on fulmine et on se sent complétement impuissant(e). Mais ce jour, suite à une annonce où une dame cherche un lapin à donner avec sa cage à son fils de 2 ans - ou j'ai bien dit 2 ans, je n'ai pu m'empêcher de lui envoyer ce long message que voilà, retranscrit intégralement:


Bonjour Madame, 
Je vous envoie ce mail car j'ai lu votre annonce avec attention. Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas mais, même si on vous donne un lapin avec cage, celui-ci a un coût élevé au mois:

(pour info j'ai trois lapins adultes stérilisés chez moi qui vivent H24 en liberté). Voici donc le détail de mon budget :

- Foin : 30/40 € par mois
- Granulés : 33 euros par mois
- Verdure : 15 à 20 euros par semaine

frais de santé :
vaccination 65 euros par an
stérilisation ou castration : une bonne centaine d'euros
1 simple visite chez le véto : 30 euros
Sans compter les frais de santé non prévus comme, par exemple, patte cassé de mon mâle (coût de l'hospitalisation : 240euros)

Un lapin est un animal vif, curieux et sociable qui a besoin de bien plus d'attention qu'un chien ou un chat. Il nécessite un minimum de 4h de sorties par jour pour se dégourdir les pattes et il faut changer sa litière 1x par semaine voire 2 fois quand il fait chaud.

Cela peut être également un animal craintif et fragile.

Je vous le répète une fois de plus, je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas mais je vous demande de bien réfléchir avant de succomber. Sur les 3 lapins que j'ai, deux sont issus d'abandon parce qu'au bout de 6 mois (âge de la maturité sexuelle où la "peluche" peut devenir véritablement infernale car titillée par ses hormones : jets d'urine, grossesses nerveuse, agressivité), les personnes s'en sont désintéressées. Et l'ont abandonnées, dans la nature, ou dans une poubelle. 
 
Si toutefois, mes arguments ne vous convainquent pas, jetez au moins un oeil sur ce site très bien documenté sur les lapins :
http://www.margueritecie.com/

Je reste à votre disposition si vous avez besoin de renseignements. Loin de moi l'idée de vous faire la morale, mais ce long message pour vous informer de ce qu'entraîne réellement l'adoption d'un lapin (30 à 40 euros par lapin hors problème de santé qui peuvent vite grever le budget).

Merci de m'avoir lu. N'hésitez pas à revenir vers moi si besoin. Je suis toute disposée à vous répondre. 
 
Cordialement.


J'aurais pu rajouter d'autres choses, comme le coût de la litière, oubliée dans mes "notes de frais" ; lui dire aussi que 2 ans c'est bien trop jeune pour avoir un animal. J'aurais pu dire bien des choses. 
La dame en question ne m'a toujours pas répondu. Elle ne répondra certainement pas. Mais au moins, j'espère que ce courriel l'aura y fait réfléchir.

mercredi 13 janvier 2016

Auld Lang Syne*

Au rituel vœu de bonne nouvelle année, je n’y échapperais pas. J’y cède même bien volontiers en souhaitant le meilleur à tous. Que cette année qui commence, continue sous de meilleurs augures que l’année précédente.

A tous donc, bonheur ; de simples petits bonheurs tels que la première gorgée de bière, ou de plus grands bonheurs : à vous de remplir les cases vides. A vous de remplir le tableau blanc. Un ensemble de petits riens qui, empilé bout à bout, forme un bien agréable tableau de souvenirs à emporter pour les temps de froid et de grisaille.

De la santé : on n’en a jamais assez.

De l’oseille : parce qu’il faut bien mettre un peu de beurre dans nos épinards.

Aucune résolution à tenir. Toujours pas non : elles ne tiennent à vrai dire que le temps qu’on les énumère pour se donner bonne conscience. Même pas un mois.

Et, enfin, à la manière des miss, France ou USA – peu importe : de la paix dans le Monde.

Vœux pieux je sais. Irréaliste, sans doute. Utopique certainement, sauf pour les âmes de bonne volonté.

Mon pessimisme, ou plutôt mon réalisme naturel, ne me donne pas le sentiment que cela évolue favorablement au vu de cette funeste année qui vient de s’écouler, violente, meurtrière et qui a en meurtri plus d’un.

Enterrons là. Enterrons là bien loin. Qu’elle ne soit juste qu’un sinistre avertissement que l’humain doit changer. En bien. Ou tout en moins en « pas pire ».

Solidaires jusqu’au bout. Tout le temps, partout, et pas seulement à un temps x de l’année.

Aimez-vous les uns les autres, comme disait ce jeune hippie mort à 33 ans, il y a deux mille ans, avec toute sa bienveillance.


MERDE QUOI !

* Pour ma part, fasse que ce soit plus qu’un au revoir, mais bel et bien un adieu.