mardi 29 décembre 2015

Tête de linotte

Il m'en fallait encore une afin de terminer l'année en beauté, outre cette trachéite rituelle qui vient me perturber ma gorge à la même saison. Certes, j'ai un côté Pierre Richard rêveur, gaffeur, et lunaire mais, sur ce coup-là, j'en tiens une couche, selon l'adage.

Voyageuse en vélo, je glisse mon fourbi dans un sac à dos bien pratique, dont une tablette qui me sert non seulement à écouter de la musique mais aussi à lire ou encore à regarder mes chères séries dans le train – ça fait passer la demie-heure de trajet. Sans compter que cette fois, il s'agissait de l'épisode spécial du Dr Who – encore me direz-vous ?! Oui mon addiction me pousse à la regarder directement en VO sur BBC, comme à l'accoutumée puis dans la foulée en sous titré – généralement 48 heures plus tard. Mon guilty pleasure. Quand j'aime, je ne compte pas les visionnages. 
 
Toute contente, je file gaiement en direction de la gare, en me disant que mon sac à dos est justement bien plus léger ce soir là. 
 
J'accroche mon vélo dans le wagon, bondé pour une fois – pourtant nous sommes en vacances, je trouve une place, puis remarque enfin que mon sac à dos est ouvert. Grand ouvert. Je fouille fébrilement, anxieuse. Ouf, mon portefeuille se trouve toujours au fond du sac. Je remarque aussitôt que la pochette avant est également ouverte. Celle où je glisse ma chère tablette.

Qui n'est pas à sa place. Le carnet de notes y est, lui. Celui dont je me suis servie pour vous narrer ma mésaventure de ce jour ; mes historiettes sans importance. 
 
Je tente de me souvenir si, à tout hasard, j'aurai entendu un bruit du genre « spong » ou encore « shplak », le son d'un objet qui tombe sur le bitume lors de mon trajet de mon travail à la gare. Mais non. Je peste contre ma distraction, n'en mène pas large. Ma voisine de droite constate mon énervement tandis qu'elle s'entretient au téléphone avec une amie.

J'appelle une collègue. Répondeur. Je peste de nouveau. J'appelle une autre collègue, qui décroche au bout de trois sonneries. Je n'ai pas fait 50/50 ni utilisé mon joker, mais fais appel à une amie. Je lui demande de vérifier si, par bonheur, la tablette serait tombée près de mon bureau. Elle s'exécute de bonne grâce,. Je la sens amusée. La tablette est bien tombée comme je l'ai imaginé. 
 
Dans ma poubelle. 

 Par quel mystère ? Nul le saura jamais. Elle est tombée dedans, tout simplement.
Je suis rassurée.

Ma voisine de droite aussi est rassurée, pour le coup, puisqu'elle me tend le pouce levée, tout sourire. 
 
Je suis bonne demain pour quelques moqueries. Ce n'est pas grave. Du moment que je récupère ma tablette, mais surtout ce qu'elle contient – j'ai déjà perdu une clé USB, qui n'avait pas été sauvegardé. La poisse donc.

Heureusement, 2015 se termine bientôt, sauf que...

Sauf qu'il me reste encore deux jours à tirer avant de me persuader que je suis « sauvée » en bonne tête de linotte que je suis !!!

jeudi 24 décembre 2015

Un peu plus de questions existentielles... ou pas !

Parce qu'il y aura toujours de la matière, et que les questions arrivent au fur et à mesure....


-  Pourquoi le vent est toujours de face quand on est vélo et jamais de dos ? Non, mais c’est vrai quoi, à raison de 5 jours pas semaine, les jours de grand vent c’est juste râlant et fatiguant de pédaler pour arriver jusqu’à la gare. Tiens, pas plus tard qu'en début de semaine...
 
-  Pourquoi les enfants se lèvent toujours plus tôt pendant les vacances et, surtout, pourquoi il faudrait presque un treuil pour les faire se bouger quand  sonne l'heure pour dire qu’il est temps d’aller à l’école ? Je crois que c’est une vérité universelle et générationnelle. Je n’ai toujours pas la réponse. Mais de grâce arrêtez de hurler sur vos gamins quand j’essaie de (re)trouver le sommeil durant mes vacances, décalées certes. Ce message s’adressant essentiellement à mes charmants voisins de droite aux goûts musicaux discutables.

-  Pourquoi, quand on entre dans le supermarché, les caisses sont invariablement désertées et, pourquoi, tout aussi invariablement, c’est la queue jusque dans les rayons quand il s’agit de payer ses courses ? Corollaire : pourquoi je tombe toujours sur le petit vieux qui bloque tout le monde parce : cherche sa monnaie/discute de la pluie et du beau temps/ demande à vérifier combien il lui reste de points sur sa carte fidélité/conteste un prix ou la promo du jour (entourer la mention adéquate) ? D’ailleurs on ne m’y prendra plus à l’Intermarché de la rue Nationale….

-  Peux-t-on utiliser des expressions impliquant des animaux lorsqu’on est soi-même végéta.ien/vegan ? Prenez vos plumes et vos cahiers et faites moi la liste de celles-ci. Ce sera tout pour vos devoirs de vacances.

Et Joyeux Noël à tous !

mardi 15 décembre 2015

Le Front de l'air effraie

Parce que c’est encore frais. Que j'ai été sollicitée. Que l’alternative qui m’était proposée ne me convenait aucunement. 
 
Depuis que j’en ais ce droit, il n’y a pas si longtemps si l’on compte juste et bien, je m’y suis toujours pliée avec plus ou moins bonne grâce. Hormis une seule et unique fois pour cause d’oubli. Mais cela concernait les cantons. Je me souviens aussi du jour où, parce que ça tanguait dangereusement, vers le côté sombre de la force, j’ai écourté ma présence à ce mariage… ou ce baptême, je ne sais plus très bien, et j’ai pris le train plus tôt pour me rendre à l’isoloir.

Ce dimanche, pour la toute première fois de ma vie, je me suis pourtant abstenue. Je n’en suis ni fière ni honteuse. J’ai longuement hésité croyez le bien. J’ai pesé le pour et le contre, ou plutôt l’utile à cette désagréable sensation que, une fois de plus, j’étais prise au piège, n’ayant pas d’alternative – on me l’avait tout simplement retiré. J’ai même mis mon manteau, glissé la carte d’identité dans ma poche et puis…

Et puis je suis allée prendre le thé avec mon voisin du dessus. Nous avons discuté de choses et d’autres, mais surtout de ce qui nous tenait à cœur. Puis je me suis ravisée, eu comme un déclic en sachant qu’elle ne passerait pas. Pas cette fois, ni jamais j'espère.

Je me suis dit que j’avais fait mon boulot dès le premier tour. Qu’après tout, ceux qui ne s’étaient pas déplacés pour x ou y raisons, n’avaient qu’à se bouger le postérieur. Parce que mon droit était aussi de m’abstenir pour un deuxième tour qui ne me laissait aucun choix. Mes convictions étant ce qu’elles sont, j’ai en plus qu’assez de me rendre utile quand d'autres se réveillent trop tard.

Et si un jour cela devait arriver, je crois que je partirais, moi et mes lapins, à Berlin. Définitivement.

Promis.

Promis, la prochaine fois, en croisant fortement les doigts et les pattes pour que si jamais la chose arrive encore, hélas, si je glisse un bulletin dans l’urne ; si le choix m’est retiré comme en ce dimanche ; si une fois de plus on m’impose de faire barrage, le bulletin sera peut-être blanc. Ou alors, en laissant exprimer ma créativité et mon imagination, je dessinerais une jolie moustache et griffonnerais une de mes vérités sur ce maudit bulletin.

lundi 7 décembre 2015

Mon cher immeuble... Mes chers voisins...

 L’immeuble ne paie pas de mine. Il aurait bien besoin d’un relooking extrême tant la façade est fanée. La devanture, véritable vitrine, jadis boucherie, attire inévitablement badauds et passants, qui s’installent régulièrement sur les rebords des larges fenêtres, en éclusant à qui mieux mieux leur canette de bière de mauvaise qualité – il y a un Lidl non loin. Ou encore en laissant restes de sandwich et papiers d’emballage. 
 
Mais cet immeuble, qui ne paie pas de mine, révèle pourtant des trésors ; un chaleureux cocon où, comme dans une famille recomposée, chacun y trouve sa place dans un joyeux bordel... ou  encore un calme tout relatif après la tempête du samedi soir. Celle ou celui qui décide d’y poser ses bagages n’a plus vraiment envie de quitter ces lieux.

Prenez par exemple le dernier étage. On grimpe bien vaillamment les deux premiers escaliers puis, passée cette étape importante, le souffle se fait plus rare tandis que la minuterie s’éteint automatiquement au bout des 75 secondes fatidique. La peste soit de cette minuterie lorsqu’on se retrouve coincé(e) dans le noir le plus total en tâtonnant pour atteindre le bouton. Sésame ouvre toi… non, en fait, plutôt « et que la lumière soit ».

On arrive enfin, le râle digne d’un orque échoué sur la plage.

Honneur aux dames, d'abord :

Il y a M. 
 
M. la sportive aux dreads qui arrivent jusqu’au bas des reins. Elle frappe parfois à votre porte pour savoir comment ça va, vous donner un coup de main à l’occasion quand vous avez subi les outrages d’une inondation ; arrive juste au moment où vous avez le plus besoin, l’instant où vous êtes à deux doigts de péter un câble parce que la soirée part à vau-l’eau, sans faire de mauvais jeux de mots. Vous partagez un peu de bon vin tout en commentant un film de vampires de manière drolatique et vous vous rendez compte que vous avez passé une bien belle soirée,  en définitive ; spontanée certes, mais qui vous redonne le moral à votre blues permanent.

Puis il y a son colloc’ J.

On appelle J. par son diminutif, toujours, jamais par celui qui est inscrit sur la boîte aux lettres. Cette même boîte que le facteur s’évertue à inverser en glissant le courrier au petit bonheur la chance.

J. a toujours un sourire aux lèvres, un sourire qui donne foi en l’être humain parce que vrai. C’est un jeune homme affable et de bonne humeur, qui vous sauve votre soirée en changeant cette maudite roue de vélo qui ne veut décidément pas sortir de sa gaine. J. est musicien également, et parfois on entend un son mélodieux venir de là-haut – les cieux du 3ème étage. Apaisant et agréable. Vous risquez de tomber sur un bœuf improvisé où il claque quelques mesures sur sa guitare folk. Alors vous vous asseyez car vous êtes conviée à la bière de l’amitié ; celle où l’on prend le temps de se poser après une rude journée.

Un étage plus bas, vous avez B., l’ancien étudiant qui travaille de nuit et que vous croisez quand il s’en va justement au turbin, comme un de ces millions de galériens, dont vous faites partie, aussi. Vous lui trouvez la mine bien pâle. Vous vous inquiétez alors, lui demandant comment ça va, et écoutant attentivement la réponse à la question, parce qu’un « ça va ? » est plus qu’une formule de politesse. 

Vous le voyez souvent nanti d’un sac – il va faire ses courses au Carrefour du coin, ou d’un sac à dos tout court – il s’en va pour quelques jours. B. est un jeune homme très discret. Il aime recevoir et il n’est pas rare qu’on entende des éclats de rire dans le couloir, à l’arrivée comme au départ. 
 
Encore plus bas, juste au dessus, il y a le petit nouveau, le benjamin de la famille, M. Quoique, niveau taille, le benjamin est, comme souvent, le plus grand de la fratrie.

M. avec son look de petit fils à papa sur qui on s’arrête la première fois en ayant un sourire aux lèvres. Pensez-donc, ici on est dans un quartier bohème à défaut d’être bobo. Mais il ne faut pas se fier à cette première impression, qui est fausse, comme parfois les premières impressions. M. est en fait quelqu’un de raisonnable qui s’inquiète de savoir s’il n’y a pas eu trop de bruit le soir où il y a eu du monde chez lui. Et ça, croyez-moi, ça vaut tout l’or du monde et rend plus supportable les soirs où les basses sont un peu trop fortes. 
 
Et, enfin, revenons à la façade. Le rez-de-chaussée. Votre serviteur. L’aînée.

Il y a moi donc, avec son côté maternel un peu italien, certainement méditerranéen et foncièrement latine, qui aime cuisiner pour tout le monde parce que, hérédité ou non, votre serviteur ne peut s’empêcher de cuisiner pour tout un régiment - les proportions et nous, ça fait deux ! Il y a moi aussi qui, avide de partager, prête bien volontiers ses rêves pelliculés sur DVD achetés d’occasion. Celle aussi qui ouvre volontiers la porte quand elle comprend que, on a beau s’acharner sur la serrure, celle-ci ne veut pas céder.

C’est un immeuble qui ne paie pas de mine, c’est vrai, mais comme dans toute alchimie, il ne faut surtout pas se fier aux alliages. Comme pour toute première rencontre, il ne faut pas se fier à l’apparence mais laisser le temps faire son œuvre comme tout vin qui se bonifie avec l’âge.

L’apparence est, comme souvent, trompeuse.