lundi 23 février 2015

Imagination débordante

On dit souvent que les enfants sont doués d’imagination, et je veux bien le croire. Gamine, mes fées ont été largement généreuses à ce sujet. Il n’est pas faux de dire de moi que je suis une personne fantasque, puisque dans son sens littéral, et littéraire, les gens qui me côtoient s’accordent à dire que je suis « pleine de fantaisie, d’originalité et bizarre ». Merci mon cher Larousse !

Enfant, je voyais des formes là où d’autres enfants de mon âge ne voyaient rien. Je pouvais passer du temps à regarder les nuages en m’imaginant tout un bestiaire dans la forme de celui-là, ou de l’autre. Comme mon penchant pour le retrait et la réserve était bien prononcé, cette occupation m’a permis de développer ce sens de l’imaginaire qui me caractérise. Encore maintenant, je peux discerner un visage, ou un animal fabuleux dans un pan de mur, là ou quelqu’un de normal – comme je hais ce mot, y verra juste une fissure, un accident, un hasard. 
 
Petite, je me souviens parfaitement d’un épisode où une de mes sœurs m’avait taquiné à ce sujet. Je leur avais expliqué alors que je pouvais voir un personnage de BD évoluer au gré de mes envies, en y pensant fortement. Je leur demandais « alors vous voyez quelque chose ? ». « OUI OUI » et ainsi de suite, jusqu’à ce que cette même sœur éclate de rire, en me disant qu’elle ne voyait absolument rien et que j’avais une imagination trop débordante.

Cet épisode me ramena à l’ordre. Plus jamais je n’essaierais de partager cet espèce de « don » qui était tout un plus qu’un imaginaire fertile. Mais je continuais néanmoins mes rêveries, en silence. 
 
Parfois on pense que je suis ailleurs, ce qui est peut-être vrai. Parfois je suis juste fatiguée et j’essaie de faire un effort pour écouter l’autre. Parfois, la conversation m’ennuie et je fais en sorte de rester absorbée afin de donner à l’autre l’illusion que je suis bien là. Physiquement, car psychologiquement c’est autre chose. Parfois j’imagine. Je retombe dans mes anciens travers.

Mais souvent aussi, mon imagination m’a fait entrevoir des choses qui je pensais vraies et qui se révélaient fausses au final. Interpréter des gestes ou des intentions qui n’étaient que de la politesse, tout au plus. Aujourd’hui, je ne laisse plus mes chevaux s’emballer comme avant. Je suis circonspecte sur tout et suis comme Saint Thomas, qui ne demande qu’à croire pour le voir. Sauf que là, il s’agit de me le dire pour que j’y croie.

Alors, si un jour je vous raconte ce que j’imagine juste au moment où nous parlons - parce que souvent dans ma tête c’est un vrai bordel ; si un jour donc, je m’abandonne à vous, c’est que je vous aurais fait confiance.

mercredi 18 février 2015

A écouter sans "restriction"

L'autre jour, en passant par la FNAC, je me suis dit "Hey... mais t'aurais pas oublié quelque chose ?" Et de fait, j'avais laissé passer une semaine (une semaine !!!) avant de l'acheter, honte à moi, grande fan de ce groupe, à défaut de l'être par la taille, je pense l'être par le coeur.

Donc, dans ma playlist du moment, le dernier Archive qui s'intitule, bien sûr "Restriction" - ah moi et mes jeux de mots foireux, je ne m'en lasse pas.


Le côté rock tribal entamé par "With us until you're dead" est de nouveau à l'honneur ici.  J'ai déjà mes chansons favorites, qui me sont rentrées dans la tête directement... enfin dans les oreilles.

Une fois de plus, ça risque de perturber et décevoir les aficionados qui aiment le trip hop des débuts du trio, mais certainement pas moi. Archive est sans conteste l'un des rares groupes à ne pas me décevoir depuis 16 ans que je l'écoute et, croyez-moi, 16 ans c'est pas mal pour une telle histoire d'amour.Mais je ne suis pas objective ; je ne l'ai jamais été ; et ne le serais sans doute jamais à leur sujet. 

Je remercie une fois de plus mon amie enseignante colombienne qui me l'avait fait écouter à l'époque et qui avait le même prénom que moi. Enfin, je dis avais, mais elle a sans doute toujours le même prénom... sauf si entre temps elle a changé de sexe et s'appelle désormais Robert (ou Roberto).

Et s'ils ont la bonne idée de repasser par Lille une nouvelle fois, genre au Zénith, à l'Aréonef, ou au Sébastopol  (non, le Sébasto, ça m'étonnerait), je suis encore bonne pour casser ma tirelire... pour la 4ème fois mais comme dit le dicton, jamais trois sans quatre.


Et parce que la voix de Maria Q. m'émeut toujours autant : "half built houses"



lundi 16 février 2015

Des secrets

Ni barmaid ni curé – ou pasteur(e) anglican(e), les gens ont bien souvent la « fâcheuse » manie à me confier tous leurs secrets, qu’ils soient grands ou petits ; vilains ou jolis.

Il faut croire que j’ai une bonne tête ; une tête qui inspire la confiance.

Il est vrai que j’ai tendance à fermer ma bouche quand on se confie à moi, et pourtant je suis une bavarde invétérée. Je suis aussi muette qu’une tombe au Père Lachaise : c’est dire !

C’est comme les promesses : je n’aime pas ne pas les tenir. Alors je ne fais jamais de promesses que je ne saurais honorer. Je ne fais pas de promesses dans le vent. Et, s’il y a bien une fois, une seule fois, où je n’ai pas tenu ma promesse, croyez bien que cela me chagrine encore. Ça me hante. 
 
Donc, si vous avez quelque chose à confier, un petit ou un gros secret : venez taper à ma porte. Je vous écouterais volontiers.

jeudi 12 février 2015

Un ballet parfait

Tous les soirs c'est le même ballet silencieux plus ou moins bien chorégraphié entre les gens qui sortent en se glissant/mouvant et ceux qui montent très vite de peur que le contrôleur ne siffle trop tôt.

Tous les soirs entre les cyclo-taffeurs, les « à pieds » et les poussettes, la même danse se renouvelle encore et encore. Les assis sous les crochets qui se lèvent pour céder la place aux vélos ; les qui pousse pour gagner un peu de place ; les qui bloquent en consultant les SMS sans se rendre compte que derrière on veut passer.

Tous les soirs l'éternel combat ; l'éternel ballet silencieux.

Mais ce soir.

Ce soir, chorégraphie parfaite où chacun trouve se place comme dans un puzzle, en se glissant naturellement et facilement, malgré le wagon en moins – moins de place pour plus de monde. Chorégraphie parfaite sur le quai, à l'arrivée où tout se déroule de manière synchronisée, avec force sourires, et de légèreté, comme un avant-goût du printemps.

Alors ce soir...

Ce soir c'était assez rare pour ne pas le noter.





mercredi 11 février 2015

La collection

Je suis une collectionneuse compulsive, ou peu s’en faut. 
 
Je collectionne un peu de tout, surtout n’importe quoi. Mais ça, c’était avant.

C’était quand j’avais 10/12 ans (minerais de roche que je ramassais lors de mes promenades, dessous de bocks, capsules de sodas). Au fur et à mesure, mes collections se sont dispersées aux quatre vents. Maintenant, au lieu de collectionner, j’entasse tout et n’importe quoi dans la chambre d’ami qui me sert de bordel/foutoir/cellier.

Toutefois, il y a une collection que je n’ai pas laissé tomber. A vrai dire elle a commencé avec les cassettes VHS que j’enregistrais, ou faisais enregistrer par mon père lors des séances du ciné club ou du cinéma de minuit sur
Antenne 2 et FR3. Il s’agit bien sur de ma collection de films et de séries. Le support a changé mais la passion reste la même, intacte. Je ne compte plus les dépôts ventes que je pille en dépouillant mon compte en banque. Je pousse le vice jusqu’à posséder plusieurs copies du même film si, par bonheur au hasard de mes pérégrinations, je trouve une nouvelle version, une version collector avec plein de bonus cachés. 
 
Encore mieux.

Je collectionne les films de vampires. Du chef d’œuvre au navet ; de la jaquette splendide, comme celle du Dracula de Coppola, à celle cradingue d’un obscur film de douzième zone – à croire qu’il s’agit d’une photocopie faite sur une vieille Rank Xerox ! Un de ces nombreux navets des années 80 et 90 qui préfigurent la saga Twilight
 
Que voulez-vous si je suis cinéphile et monomaniaque dans ma folie !

A chaque fois, j’annonce le chiffre de 1200. C’est le nombre sur lequel je me suis arrêtée il y a quelques années pour forcer l’imagination des gens que je croise– et l’admiration aussi. Flatterie, flatterie…

Bien sûr, il y aura toujours un plus grand collectionneur que moi, si ce n’est en taille. Un dont l’amour recouvre plusieurs pans de murs. Mais tout cela n’est pas grave en soi.

Oh, et puis il y a bien une collection dont je suis très fière à mon âge avancé et qui contient des milliers et des milliers d’objet. La collection de mes souvenirs. Ces petits cailloux que je dévoile peu à peu sur ce mur mouvant, en technicolor ou en sépia de mes jeunes années.

Avouez que cette collection a de la gueule, non ?

mercredi 4 février 2015

L'ironie de la chose...

Tout d'abord on passe une super soirée. Une soirée avec des amis que l'on n'a pas vue depuis une éternité. On se prend un vrai bol d'amour parmi des gens que l'on aime et qui nous aime, à n'en pas douter, avec les vannes habituelles, les semblants de chamaillerie et l'inévitable blind test de minuit

Et, parce qu'on ne supporte pas de dormir ailleurs que chez soi, on se décide à quitter cette superbe soirée et ses amis.

Parce qu'on est un peu moins vigilante ; parce qu'on a peu bu pour fêter quelque bonne nouvelle ; parce que c'était sans doute ce soir là et pas un autre, ce qu'on appelle un concours de circonstance, on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe tandis que l'on écrit son SMS pour dire qu'on rentre bien, comme c'est ironique.

Les mains étrangères s'agrippent au portable. Sweat-shirt à capuche relevée pour ne pas qu'on voit le visage. On tente de retenir. On se débat car on n'est pas du genre à se laisser faire. Mais rien n'y fait : sweat-shirt à capuche est plus fort en nous poussant sur le trottoir. Ça va trop vite. C'est trop violent. Sweat-shirt à capuche est déjà au loin ; il a détalé comme un lapin.

Les passants s'empressent autour de vous en vous tendant un mouchoir en papier parce que vous saignez du nez ; ce que vous ne remarquez qu'à rebours. Votre main gauche en a pris un coup et vous avez du mal a plier les doigts.

Après...

Après s'ensuit la liste des choses à faire : suspendre sa ligne ; appeler les amis chez qui vous avez passé la soirée ; attendre qu'on vienne à vous et qu'on vous emmène au commissariat, désert car il est une heure du matin. Il est une heure ; on est crevée ; la nuit n'est pas encore finie.

Ces petits détails qui sautent aux yeux : le sang qu'on n'a pas bien nettoyé sur la main, et qui sèche, lentement mais surement - celle-là même qui fait un mal de chien ; ces deux petites gouttelettes qui se sont écrasées sur le pantalon gris clair – va t-on les rattraper ? - c'est fou ce genre de remarque qui nous vient à l'esprit ; les phrases que le policier nous dit pour nous remonter ; et d'ailleurs, après coup, cette réflexion ultérieure que cela aurait pu être pire, qu'il aurait pu se retourner pour nous balancer un coup de poing dans la figure et qu'après tout, ce n'était qu'un téléphone.

Mais on ne pleure toujours pas.

Les pleurs arriveront le lendemain, tandis que, pour s'occuper l'esprit, on balaie sans relâche ; tandis qu'on attend son tour chez SOS médecin, dans la salle d'attente et que les regards se détournent de vous, gênés.

Et l'on devient une statistique parmi les autres, sur un chemin que l'on a parcouru des centaines de fois.

L'ironie de la chose.

Et puis l'on écrit. On écrit parce que c'est la seule chose qui nous pousse à se dépasser ; dépasser nos craintes et nos peurs ;  calmer cette colère qui ne nous quitte pas. Mettre les mots sur les maux, comme on le fait depuis si longtemps ;  depuis qu'on sait tenir un stylo  entre ses mains.

La beauté de la chose.