mardi 30 décembre 2014

Once upon a drame

Je suis une série-maniaque – c’est un fait avéré et indiscutable depuis au bas mot les années  80. J’ai déjà parlé des séries qui me font vibrer ici ou là (genre en ce moment - enfin depuis quand même  8 ans  mon addiction au Dr Who, dont il va falloir que je vous cause sérieusement un jour) mais je n'ai jamais eu l'idée de parler également des séries que je regarde plus par habitude que par réel désir. D’où le jeu de mot foireux de Once upon a drame puisque c’est à la suite d’une réflexion sur Facebook qu’est né ce billet :



Once upon a time

Sur une idée originale, c’est-à-dire réinterpréter les contes de fées à la manière de maintenant en les dépoussiérer d’un gros jet de kärcher, la troisième saison s’épuise et nous avec. 3ème saison qui est d'ailleurs reléguée sur 6ter, la petite cousine de M6. Déjà la deuxième commençait à décliner et je vois mal comment les scénaristes pourront porter le sujet de la série sur une quatrième saison inévitablement renouvelée… à part l’appât du gain et de l’audimat.

En parlant des dits scénaristes, j'ai la nette impression qu'ils sont en free style depuis un moment déjà en mélangeant tout et n'importe quoi : le capitaine Crochet est en fait un gentil garçon plus beau gosse que l’image d’Epinal, luttant face à un Peter Pan crispant qu’on a  envie de baffer et qui se trouve être le père de l’un des personnages principaux qui a au moins 110 ans*. Pardon pour les spoilers et pardon aussi pour l’excellent Robert Carlisle qui incarne le personnage de 110 ans. Ah mais non, rendez-moi mon Peter Pan qui ne veut pas grandir, emblème de l’innocence, et qui guide ses enfants perdus de Neverland !

Sans compter l’intervention de la petite sirène Ariel, tout droit sortie d’un Walt Disney que du conte originel d’Andersen. Les épisodes passent et on compte les points, ou la liste des personnages improbables tirés du chapeau des auteurs en mal de créativité. 
 
Tout est noir ou blanc, hétéro-normé, hormis le sérieux penchant de Mulan pour une princesse de ses amies. Seule point intéressant , anecdotique certes, d’une série qui part en roue libre.

Bref, ils auraient mieux fait der s’arrêter à la saison 1 avec une vraie fin : la sauveuse qui rompt la malédiction de Storybrooke.


Under the  gnome **

Ou l’adaptation pas franchement réussie d’un gros pavé de Sephen King, j’ai nommé « Under the Dome ». Et une fois encore, comment saccager une bonne idée de départ, c'est-à-dire enfermer les gens d'une même communauté sous un dôme de verre où nul ne peut y entrer ni sortir et regarder ce qui se passe, domaine dans lequel justement excelle Stephen King.

Mais voilà...

Ça part en cacahuète dès la seconde saison : le méchant redevient gentil le temps de 2/3 épisodes pour repartir en psychopathie. Les jeunes « élus » sont de vraies têtes à claques. Les gens meurent… mais pas vraiment. On prend une même situation pour la faire revivre par d'autres personnages. Bref, ça s'enlise  et il semblerait également que les scénaristes à bout de souffle malgré le roman de départ ne savent plus quoi inventer pour entretenir le suspens.

Un point positif toutefois : revoir notre chère Dr Lewis d’Urgences, AKA Sherry Stringfield, AKA la femme du méchant. Mais, spoiler inside, elle ne reste pas... sauf si une fois de plus les scénaristes s'entêtent à la faire renaître de ses cendres. Je pense néanmoins que c'est compromis pour la 3ème saison.
 
Bref, encore une série qui aurait dû s’arrêter à la première mouture avec un final season décent.

Et je vous épargne Lost et sa 6ème saison décevante ou je me suis exclamée : « Tout ça pour ça ! »

* suite à l'épisode de ce soir, on apprend que Rumpelstilskin a en réalité plus de 200 ans

**  Encore un jeu de mots trop facile certes, mais trop tentant.


mardi 16 décembre 2014

Esprit es-tu là ?

Chaque année c’est le même discours : la télé nous abreuve de téléfilms dégoulinant de bons sentiments, du style " à Noël on fait un effort pour être gentil les uns avec les autres", le tout dans une humeur quasi enfantine et naïve, comme si tout était rose tout à coup. En matière de journalisme, on appelle ça un marronnier.

Ce fameux esprit de Noël, cette "maladie"hautement virale supposée atteindre la majeure partie de la population.

Chaque année donc, toujours le même cirque des films emplis de bon sentiments, qu’on nous fourgue par paquets entiers, et qui nous parlent de cet état d’esprit. (Sans compter l’éternelle Sissi et la non moins increvable Angélique  qui ne s’est toujours pas remis du départ de son Geoffrey claudiquant).

Mais qu’en est-il de la réalité ?

Peut-être que ma perception est erronée. Peut-être également que mon interprétation est trop orientée. Je pense néanmoins que les gens sont sensiblement plus énervés à cette époque de l’année. Je l’avais déjà constaté l’année dernière et l'année d'avant - je ne suis pas la seule au vu des quelques conversations que j’ai eu ici et là - et le phénomène semble s’amplifier. Les gens sont agressifs, plus que de coutume. C’est ce que je constate tous les jours.

Est-ce l’approche de cette fête tant attendue et de sa fatidique course contre la montre, la recherche du jouet parfait, du cadeau le plus original ? Est-ce dû à la crise ? Tiens, la revoilà cette grande Dame qui a le dos bien large et qui sert d’excuse pour tout et n’importe quoi….

A quoi est dû l’égoïsme forcené des gens ? A celui qui passe le premier, qui écrase le premier, qui se sert le premier ? Communique t’on encore vraiment ? Hormis par le biais des SMS interposés et autres messageries virtuelles. Moi qui suis un animal hautement sociable, qui parle justement de tout et de rien avec le premier quidam venu, je ne comprends pas. La liste est longue des queues de poissons, juste comme ça, pour emmerder la vie des autres ; des queues de poisson et autres injures ; moins de gestes tendus vers celui qui vit dans la rue, ni un sourire  - je l'ai encore constaté la semaine dernière quand un couple n'a même pas daigné jeter un regard à celui qui leur demandait quelque chose ; stress permanent et quotidien, comme toutes ces petites lâchetés qu'on s'efforce d'oublier bien vite. La pression, cette fameuse pression que je préfère décidément dans le houblon. 
 
Où sont donc passés les sentiments tels que solidarité, entraide, joie et partage ? Ces sentiments que pourtant on diffuse à la télé à dates échues, comme pour se dire "tiens aujourd'hui c'est le moment" ?

Quand est-il de ce fameux esprit de Noël ? Pourquoi tous ces films qui ne sont plus vraiment le reflet de la réalité ?

Et puis aussi, pourquoi seulement un jour à Noël ? Une semaine ou tout au mois. Pourquoi pas toute l’année ?






mardi 9 décembre 2014

Vous voulez un animal pour Noël ? Offrez plutôt une peluche !

Ce week-end, j’ai été à la fois témoin et actrice d’une scène plus qu’agaçante ; le genre de scène qui vous fait voir rouge.

La municipalité de Lille ayant publié un arrêté concernant l’interdiction de vendre des animaux sur les marchés, quelle ne fut ma surprise de tomber nez à nez sur un vendeur à la sauvette en longeant une des nombreuses allées du marché de Wazemmes. Faut-il rappeler que j’y suis pendue tous les dimanches à la fois pour nourrir l’humaine de compagnie et les trois pique-carottes ? Je ne puis évidemment qu’applaudir un tel arrêté car mon cœur se serrait à chaque fois que je passais devant les camionnettes où dormaient chiots, chatons, lapins, canards ou poules.

Il y avait bien une dizaine de lapins mis à la vente, d’environ 6 mois, entre noir et gris loutre. Je suppose de la même portée – sans doute nés d’un « accident » malheureux.

La moutarde commençant à me monter au nez, je continue mon chemin, tout en rongeant mon frein. Bien sûr les gens s’arrêtent en s’extasiant sur les pauvres lapins entassés dans deux minuscules cages au bon vouloir du temps glacial. Ils sont tellement mignons !

Je finis par faire demi tour, me campe devant le vendeur en lui indiquant tout de même que la vente d’animaux est illégale désormais sur les marchés de Lille. Et lui de me rétorquer qu’il en a tout à fait le droit. Et moi de lui renvoyer la balle et ainsi de suite. Suite à quoi je suis prise à parti par un couple qui me balance textuellement ceci :

« Il ne fait rien de mal, il apporte un peu de bonheur aux enfants pour Noël » (qui, n’en doutons pas, une fois la magie de Noël passée, l’animal sera soit ignoré ou, au pire des cas, abandonné comme la petite dernière que j’ai recueilli il y a un mois et demi). 
 
« Faut pas vous énerver madame, le monsieur essaie de gagner un peu d’argent, c’est la crise pour tout le monde » (Ah bon ? En se faisant reproduire des animaux de manière plus ou moins intentionnelle et en les exploitant de la sorte ? La crise a bon dos, ma bonne dame !)

Je leur rétorquai qu’un lapin n’est aucunement destiné aux enfants car, une fois la maturité sexuelle atteinte, ils ne sont plus de si adorables peluches. Ça demande beaucoup d’entretien et de suivi. Une fois que les gens s’en rendent comptent, ils les balancent dans des poubelles ou dans un bois en pensant qu’ils pourront retrouver leur état naturel – ce qui est faux bien entendu. Et parfois ils les tuent, tout simplement.

Je ne sais pas si c’est dû au fait que je suis devenue une végétarienne convaincue ou bien parce que j’ai toujours été sensible à la cause animale ? Mais il est vrai que je suis de moins en moins tolérante face à cette marchandisation à outrance ; l’animal n’étant devenu qu’un objet et non plus un être vivant sentient*. C'est pour ça également que j'évite au maximum les animaleries.

Remarquez que j’ai la même considération pour les êtres humains fragilisés – enfants qu’on maltraite, SDF sur lesquels on passe sans même jeter un coup d’œil, femmes enceintes à qui on ne cède pas la place dans les transports en communs ou qu’on bouscule méchamment, etc.

Et, pour finir, le site Marguerite & Cie, extrêmement bien fait, rappelle régulièrement la campagne suivante, que ce soit pour Noël comme ici, ou pour Pâques : un lapin n’est pas un jouet, si vous voulez un animal, achetez plutôt une peluche à vos enfants.

Avoir un animal chez soi est un acte réfléchi et responsable. Pensez-y avant d’agir sur un coup de tête.

J’ajouterai que si ça avait été des chatons ou des chiots, par exemple, j’aurai agi de même.

Et si vous voulez vraiment un animal, il y a en beaucoup dans les associations, les refuges ou la SPA, qui ne demandent qu'à être adoptés...

* sentience : capacité à ressentir la douleur, et des émotions. Terme surtout utilisé dans le domaine de l'éthique animale.

mercredi 3 décembre 2014

Portugaise, ou bien... ?


Dans le désordre :

Je n'aime pas l'eau ni me dorer la pilule sur le sable, sauf si ce n'est en compagnie d'un bon bouquin. Je ne sais d'ailleurs toujours pas nager et je préfère, de loin, la montagne à l'iode.

Je suis blanche comme une endive. Enfin, j'exagère, mais j'ai un mal de chien à obtenir un hâle bronzé en plein été. A peine biscotte claire.

Mon anglais est bien meilleur que ma langue maternelle. Je peux même faire des pieds et des mains pour regarder ma série préférée, Dr Who, directement sur BBC One. Les mots lusitaniens ont bien plus de mal à franchir mes lèvres que ceux aux consonances anglo-saxonnes. Sauf quand je perds mon sang froid et que je me mets à jurer. Mais il ne faut jurer de rien qu'un jour je me décide à pratiquer ma langue un peu plus que je ne  le fais.

Je n'ai pas une pilosité excessive. D'ailleurs cela est un mythe : il n'y a pas plus de portugaise velue que de française poilue. Tout ça ne sont que des racontars.

Je n'ai jamais été fan du poisson, dans l'assiette – on se comprend, et du temps où j'en mangeais encore, un peu. Évidemment, en ces jours de végétarisme convaincu, je ne risque pas d'en être plus fan. Je préfère les fanes, de carottes, comme ce fameux cri de la carotte que m'assènent parfois certains, s'estimant spirituels.

Mais passons.

Aux nombreuses remarques supposées originales sur les éventuels métiers que j'aurais pu exercer, je ne suis pas vraiment très manuelle, sauf s'il s'agit de démonter un ordinateur. Donc non, mon père n'est ni plâtrier, ni maçon, encore moins vitrier.

Je préfère le thé au café. Même si, je l'avoue, je ne dédaigne pas en boire au petit déjeuner. Je n'en consomme pourtant pas des litres durant la journée, comme la majorité de mes collègues. Le porto non plus n'est pas ma tasse de thé même si, je l'avoue aussi, j'ai tout de même une faiblesse pour le porto lagrima des « tres velhotes ». A tout choisir, j'opte pour la bière et le vin.

Je n'adhère pas aux corridas, qu'elles soient espagnoles ou portugaises. Quelle bravoure en effet de piquer les flancs d'un pauvre animal qui ne demande rien !? Et qu'on ne me dise pas qu'on libère le taureau dans les corridas lusitaniennes : une tradition séculaire imbécile moindre n'en rachète pas une autre plus grave.

Au fait, je ne vous ai pas dit ? Je  n'aime pas les clichés et les cases.

vendredi 21 novembre 2014

Confessions d’une serial bigleuse


Il y a peu, je me suis enfin décidée à changer de binocles. Depuis l’âge révolu de 11 ans je fais partie en effet de la catégorie « des myopes ascendant taupe », doublé par ailleurs de deux yeux astigmates. Et ce n’est pas avec mon âge déclinant que les choses s’arrangent…

Il y a 30 ans donc, aller chercher ses lunettes chez l’opticien avait tout du cauchemar. Bizarrement, obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmo était plus rapide, pas comme aujourd'hui donc. Porter des lunettes à cette époque vous faisait invariablement passer dans la case « adolescente boutonneuse à jean de velours pattes d’éph' ». Si je force le trait, c’est que je me souviens très bien d’un vieux jean velours côtelés gris bleuâtre largement évasé sur le bas – tout ce qu’il y a de plus glamour ! La mode a bien changé, et moi aussi, Dieu merci.

Appartenir à la catégorie tristement connue des binoclards n’a jamais été une sinécure. Cela s’apparentait plus à une longue torture morale : non seulement celle d’avoir constamment des loupes sur le bout du nez, mais aussi d'être ce(lui)lle montré(e) du doigt à la récré car toujours fourré(e) dans un coin en compagnie de ses maudits bouquins ; ce(ui)lle aussi d’être naturellement désigné(e) pour porter le titre peu glorieux et non moins lourd de « premier(e) de la classe » - donc le chouchou du prof ; donc la fille/garçon à abattre.

Il y a 30 ans porter des lunettes creusait le fossé entre le reste du troupeau et le mouton noir, moi donc, que j’étais déjà à mon corps défendant.

Si je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, c’est que les lunettes étaient loin, à l’époque, d’être des accessoires de mode tels que Smartphone et autres I-pad. Je l’ai toujours nommé « mes lunettes de sécurité sociale ». Et, de fait, elles le sont véritablement restées – quand on regarde le forfait octroyé par ce sympathique organisme. Rien n’a vraiment changé de ce côté : avoir de mauvais yeux reste un luxe, un privilège que seule une bonne mutuelle permet d’acquérir.

Mais passons.

Mes premiers binocles étaient une véritable catastrophe en matière d’image. Un plastique blanc 1er prix avec quelques effets rosâtres, vaguement rectangulaires si je m’en souviens bien et, déjà, des verres épais comme des culs de bouteilles tant ma myopie était importante. Tout pour plaire donc !

Les suivantes furent moins affreuses, enfin pour l’époque : de l’écaille marron. Mais, les opticiens n’ayant alors aucune notion de la morphologie, elles me mangeaient une bonne partie des joues.

Je restais toutefois dans le marronnasse sérieux qui sied à une première de la classe, tout en réduisant quelque peu la taille et l’épaisseur de mes verres - la technique s’améliorant avec le temps, pas comme ma myopie qui s’aggravait, elle.

En vacances au Portugal, je changeais de couleur tout en restant dans l’écaille. Mon parrain possédait en effet deux magasins d’optique et eut la bonne ( ?) idée de m’offrir une nouvelle paire de lunettes, jugeant celles que je portais tout simplement moches de chez moches. Cependant, malgré ces efforts louables, ce n'était pas encore ça.

Avec les progrès en matière de lunetterie, les binocles sont devenus hype, même hipster, qui l’eût cru ? Pas moi en tous cas. Marques tendances – voire de grand couturier ; matériaux plus légers ; verres dix fois plus fins : le bonheur. Je pouvais enfin passer dans la case fashion victim ou presque, parce que moi, je suis quand même obligée de les porter si je veux voir quelque chose au travers de ce brouillard quotidien.

Ce fameux samedi, comme un gosse à l’approche de Noël, j’avais grand hâte de me rendre au rendez-vous que m’avais fixé mon ami Alain, celui qui aime offrir une 2ème paire pour 1 euro.

Mais pourquoi ne porte t-elle pas des lentilles, me diriez-vous ?

La force de l’habitude sans doute n’y est pas étrangère. Quand je retire mes lunettes, j’ai tout l’air d’une vieille chouette qui a fait trop la bringue la nuit dernière et les nuits d’avant.

Et puis, c’est quand même devenu un accessoire comme un autre qui peut vous habiller joliment le regard...

dimanche 16 novembre 2014

My summer in Berlin Day 5 - Un petit goût de revenez-y ou comment te dire adieu…

Lors de mon séjour, je m’étais jurée que le dernier jour serait celui du farniente total, entre un bon gros petit déjeuner, un peu plus de sommeil que de coutume, et un rangement de ma valise – surtout bien tasser les vêtements afin de faire de la place aux cadeaux que j’avais acheté la veille. Mon avion décollant à 17h00 pétantes, et ne voulant pas réitérer les péripéties de l’aller, je m’accorderai au moins 2 heures pour repartir tranquillement et sans stress, comme la tortue de la fable.


Mais le dicton « souvent femme varie » n’est jamais aussi juste que cette fois-là. 
 

Parce que je ne pouvais quitter Berlin comme ça. Parce que la rupture se devait être douce et d’un commun accord.


C’est donc armée de mon appareil photo que je me rendis sur les lieux de mon forfait, Alexanderplatz, pour un baroud d’honneur, une dernière danse comme aurait évoqué ces chanteurs et poètes, j’ai nommé Kyo.
 

Car oui, je suis tout à fait capable de citer Oscar Wilde et Secret Story dans la même conversation.


Entre les dizaine de piafs, nourris en terrasse par une sympathique berlinoise amoureuse des animaux ; un joli souvenir du S-Bahn entrant dans la gare centrale, comme dans le générique du « destin de Lisa » (en vrai, je me s’y mise à plusieurs reprises) ; un dernier cliché, celui d’une trentaine de vélos laissés là par leur propriétaire, devant un magasin, attachés certes, mais pas aussi fermement que mes 3 antivols ; puis quelques autres babioles achetées à la hâte, dont un magnifique ours en peluche, symbole de la ville, que je n’ai toujours pas réussi à offrir à la fille de deux de mes amis.
 












Mais ce dernier jour restera celui d’un bilan plus que positif :
   
  •  La discipline des allemands. Vérifiable surtout aux feux : le petit bonhomme est rouge, tout le monde attend sagement. Je peux vous garantir qu’après avoir subi l’anarchie dans les rues de Lille, cela est bien reposant.
  • Le vélo est roi. Le cycliste est empereur. Circuler à vélo et vous êtes prioritaires sur pas mal de règles du code de la route. Par ailleurs on ne vous regarde ni méchamment ni bizarrement si vous slalomez sur les trottoirs.

  • La langue. Je ne maîtrise pas la langue de Goethe, mais en parlant couramment anglais, j’ai pu aller d’un endroit à l’autre sans souci. Un vrai poisson dans l’eau.

  • La gentillesse et la courtoisie des berlinois. Pour souligner mon propos : comme par hasard, le jour où je repartais pour l’aéroport, la ligne que je devais prendre était en travaux. Une brave dame, me voyant désemparée sur le quai, m’a alors proposé de m’indiquer le chemin, mieux de m’accompagner jusqu’à l’avant dernière station. Je n’ai pas souvenir d’avoir été l’objet d’une telle attention dans une grande métropole française. Le plus drôle était qu’elle ne parlait pas bien anglais, pas plus que je baragouinais un mauvais allemand ! Sans oublier mon hôte qui m'a si bien conseillé à la fois sur les visites et les itinéraires.
      
    • Je n’ai jamais eu ce sentiment d’insécurité comme je peux parfois l’avoir lorsque je me balade un peu trop près des portes (Arras, Douai, Valenciennes, Poste) dans ma bonne ville de Lille. Et les agressions et autres incivilités récentes ne m’incitent pas davantage. Berlin est réputée pour ça aussi. Bien sûr, tout n’est pas blanc et la ville a quand même son quota de criminalité – faible le pourcentage ceci dit.

  •  L’ouverture d’esprit : que ce soit par mon mode d’alimentation, ou par mes nombreuses interrogations, ou encore par mon désir d’aller vers l’autre. Je ne sais pas si le fait d’avoir été séparée en 2 durant presque 30 ans y est pour quelque chose, mais j’ai vraiment ressenti un sentiment d’ouverture. D’ailleurs, au voyage de retour, j’ai discuté avec un charmant couple de Stuttgart qui m’a bien aimablement pris quelques photos des nuages – cette fois je n’étais pas du côté hublot.

En allant à Berlin, j’avais le sentiment d’être à ma place, dans une ville qui me correspond. Je défie quiconque de ne pas tomber amoureux comme je l’ai été. 
 

Et si d’aventure vous êtes tenté(es), un bon conseil : laissez-vous portez votre curiosité et ne vous laissez pas tomber dans le piège des visites toutes faites, avec arrêts au musée de Mme Tussaud à la clé.


dimanche 9 novembre 2014

If walls can talk*

Un quart de siècle après, et quelques cheveux plus tard, nous célébrons en ce jour les 25 ans de la chute du mur de Berlin. Je ne reviendrai pas là-dessus, j'en ai déjà parlé ici pour ces 20 ans, quand moi-même j'avais cet âge.

En revenant de mes vacances, on m'a raconté qu'entre 1961 et 1989, des milliers de lapins ont élu domicile dans le no man's land. Un vrai paradis pour nos amis lagomorphes. En farfouillant un  peu sur le net, j'ai également découvert que les soldats postés sur les miradors  avaient interdiction de tirer sur eux. D'ailleurs, certains racontèrent qu'observer les lapins à la jumelle étaient une de leurs rares distraction de la journée.

J'ai trouvé que c'était une bien jolie façon de commémorer la chute du mur, moi qui  squatte chez le gang des pompons - bien plus qu'ils ne vivent chez moi.


 * Honteusement pompé sur l'excellent "if these wells could talk 2" - traduit stupidement en français par "sex revelations 2". Je n'ai pas vu le 1er opus, mea culpa, mais je vous conseille ce film.



mercredi 5 novembre 2014

My summer in Berlin - Day 4 : ou comment je me suis mise au vert dans le Mauer Park

C’est évidemment bien fatiguée que, le lendemain, je me décidais à profiter d’une journée off plutôt que de martyriser de nouveau mes pieds comme je l’avais fait la veille. Je marcherai moins ce dimanche, avais-je décrété. Et puis le dimanche, comme tout un chacun, j’ai une fâcheuse tendance à la procrastination.


Berlin étant une ville verte, mais aussi colorée avec ses free-market, ou marchés aux puces. J’avais donc opté pour le plus connu d’entre tous, le plus proche du quartier où j'habitais aussi : le Mauer Park. Mauer car non loin de l’ancien mur, ainsi que de la Bernauer Strasse.

On y vient en famille, seul(e) ou accompagné(e). On y passe la journée en promenant les enfants dans la poussette, le chien à collier et la belle mère acariâtre. On chine, on déjeune – enfin on avale sur le pouce de nombreux plats prêts à manger, on profite des concerts. Je ne dérogeais pas à la règle du farniente dominical.


Je suis en effet une bonne cliente des marchés en tous genres qu’ils soient aux puces, de légumes, de fringues, de brocante – bouquineries - disques vinyls, ou braderies de tout et n’importe quoi. D’ailleurs, en bonne Wazemmoise que je suis, je suis pendue tous les dimanches sur le marché du même nom. Encore une fois donc, je ne dérogeais pas à la règle.


Le Mauer Park est scindé en deux : d’un côté, la partie purement mercantile ; de l’autre, la partie herbeuse, idéale pour pique niquer, jouer au foot, agiter son cerf-volant dans le vent ou encore siester. Entre les deux, une mince frontière caillouteuse, ou boueuse selon la saison des pluies.

Avant d’affronter la foule, je découvris un café au nom pittoresque et pour le moins pittoresquement installe – en sous-sol : le Glory Hole. Prendre son deuxième petit déjeuner au Glorieux Trou fut l’un des meilleurs souvenirs auf Berlin. Je ne sais toujours pas le pourquoi du comment du Glory Hole. Et les sympathiques jeunes propriétaires/cuistots/écolos/100% organ foodista ne m’ont donné aucune explication convaincante sur ce pourquoi, chacun se contredisant dans un sourire communicatif. Je partis donc à la conquête du marché, ma longue pratique de celui de Wazemmes aidant – je n’allais quand même pas me laisser berner, non sans avoir laissé un bon pourboire. Il est de coutume, et de bon ton, de laisser un petit quelque chose au serveur au risque de passer pour un radin, et pire, un radin français !


A l’entrée du parc, je fus accueillie par un chanteur folk. Il pleuvait et il n’était pas facile de déambuler entre les nombreuses flaques d’eau. Des planches avaient été posées en catastrophe afin qu’on ne plonge pas ses godasses dans ce brouet immonde. Bien sûr, les badauds que nous étions faisaient en sorte de veiller à rester stables lorsque nous nous croisions sur ces planches.

C’est au Mauer Park que j’ai acheté la quasi-totalité des petits cadeaux que j’allais bien évidemment offrir à ma famille et mes amis à mon retour. La valise étant limitée, je devais faire preuve d’imagination pour prendre quelque chose d’à la fois petit et qui corresponde à chacun Je sais, ce jour là, j’ai fait ma touriste.

Ce free market est un mix entre fringues – j’ai bien failli m’acheter une veste militaire estampillée « guerre froide », ; brocante pure et dure, ; atelier(s) vélo(s) où on peut trouver de tout en pièce(s) détachable(s), jusqu’au vélo d’occasion ; stands de cadeaux souvenirs ; friteries et autres baraques à frites, bonbecs, avec mentions spéciales pour les multiples possibilité de nourriture végétar(l)iienne. Ayant goûté une délicieuse galette de légumes, mon estomac avait déclaré forfait face au tentant végan burger. Ce serait pour une autre fois ! Et, last but not least, le bar/karakoé où déjà des danseurs de salsa ondulaient entre les tables et les spectateurs. 

L’après midi fut plus calme, encore que mes pieds ont été bien sollicités. Je déambulais dans le parc côté vert, m’arrêtant devant un numéro de jonglage, un robot fait entièrement de pièces de recyclage et animé par son génial créateur sous les vivats du public, tapant la mesure lors d'un concert frénétique de batterie non moins frénétiquement rythmique - quelle énergie !


Une à deux fois, j’eus l’idée de m’offrir moi aussi une de ces bières vendues par un marchand ambulant. Car je n’avais toujours pas ingurgité ce satané houblon germanique.

Je rentrais chez mon hôte dans le froid et la pluie, un peu déprimée car j’allais repartir le lendemain.


mardi 28 octobre 2014

My summer in Berlin - Day 3 : la longue marche du touriste lambda ou comment j’ai traumatisé mes pieds.

Un tour de cadran dans la vue – partie à 10 heures du matin, rentrée à 10 heures du soir. 12 heures donc entre soleil furtif ; crachins poussifs ; scènes de la bizarrerie quotidienne et autres pas si futiles émotions. 

Une journée pour le moins étrange, avec une bonne quinzaine de kilomètres de marche. Mieux qu’à la braderie de Lille. Et Dieu sait que je m’avale des kilomètres de pavés ce week-end là !

Tout a commencé avec le Mauer Museum. C’est tout de même pas ma faute si j’avais 20 ans lorsque le mur s’est effondré.

C’est d’ailleurs dans ce musée en plein air que la seule et unique photo de ma trombine apparaît sur mon numérique. Le reste du temps, je me suis effacée devant les gens que je croisais, et qui m’inspiraient, et les non moins inspirants lieux de mémoire.

Ce jour-là, mon âme d’historienne refit surface, pour une remontée dans le temps, au temps de la guerre froide.

3 heures de visite donc, entre l’Histoire et les petites histoires des petites gens dont celles, qui m’ont sans doute le plus marquées : les  hommes et femmes qui ont tenté de traverser le mur à leurs risques et périls. Ce fut un moment de recueillement pour ces 136 personnes évoquées par de simples photos sur un mini-mur. Je dois avouer que je n’en menais pas large…

Une belle claque. Mêmes les plus insensibles ne peuvent traverser cette zone sans être touché(e)s par ceux qui ont eu juste la mauvaise idée d’être né(e)s du mauvais côté. 

Parmi la foule de touristes, la plupart du temps de jeunes allemands venus des lycées environnants, j’ai cru discerner quelques larmes. Les miennes n’étaient pas très loin non plus, à vrai dire.

S’il y a bien un endroit et un événement en particulier qui a motivé ma venue à Berlin, ça toujours été le Mur.

Après m’être brièvement restaurée, car je m’attaquais à un autre monument, plus sinistre celui-ci car résonnant de ce que l’humanité avait de pire en elle, le Holocaust Mahnmal, je me disais qu’il était temps de continuer ma remontée dans l’histoire du 20ème siècle. Sauf que…Sauf que, les gens qui me connaissent, et qui connaissent mon gros souci d’orientation, je me perdis un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, mais surtout pas : « pas du tout ».

Je me retrouvai devant la porte de Brandebourg avant/après que le ciel me soit tombé sous la tête, par Toutatis !

Beaucoup de monde. Beaucoup de touristes. Beaucoup de français. Beaucoup trop de touristes français. 

Une manif sur la place. De qui ? Par qui ? Pourquoi ? je ne le saurai sans doute jamais et, au loin, le Sigsaule

En tant que cinéphile/phage, je ne pouvais pas faire autrement que de me diriger ver le Sigsaule. Il sert de décor à un merveilleux film de Wim Wenders « les ailes du désir » dont le remake hollywoodien ne réussit pas à retranscrire toute la grâce de ce bel objet filmique en noir et blanc.

Ça avait l’air si proche… mais c’était si loin à vrai dire*.

Il fallait quand même se farcir trois kilomètres à pieds ! Avec son petit détour vers le Bundestag : mes baskets étaient ravies du voyage. Mes jambes un peu moins.

3 km plus loin, et quelques ampoules plus tard, en longeant le parc du Tiergarten, me voilà devant le fait accompli. L’après midi faisant place à un magnifique soleil qui allait saluer l’autre moitié de la planète, j’eus droit quand même à quelques beaux clichés que je m'empressai de prendre avant que le soleil ne se carapate pour de bon.

Mais je n’avais toujours pas la moindre idée où pouvait se trouver ce fameux Holocaust Mahnmal !


En remontant, 3 kilomètres à pieds- dois-je le repréciser ? je bifurquais, coupant le Tiergarten. Un panneau avait retenu toute mon attention, me signalant par la même occasion que les deux arrêts de mon escapade se trouvaient non loin... Enfin, à Berlin, la distance est une notion des plus relatives.

Que dire que de ce Mahnmal ?
Curieux assemblage de pierres « presque » tombales de tailles différentes. Les gens s’asseyent ; discutent, cigarette au bec ; rient ; les enfants jouent à cache cache. Car il est vrai qu’on dirait un labyrinthe de la mémoire perdue.

C’est juste indescriptible que cet assemblage hétéroclite. 

Un tour à la Postdamer Platz où je n’y ai vu qu’un officier de l’armée rouge, en fait un guide déguisé, et me voilà prête à repartir, bien fatiguée et éprouvée par journée.


Cela aurait été encore trop facile, justement ce retour. J’ai beau avoir dit que le réseau de transports Berlinois et extrêmement bien conçu, car impossible de s'y perdre….m ais la nuit, c’est bien connu, tous les chats sont gris. J’ai eu un moment de flip car je n’arrivai plus à retrouver mon chemin. 

J’ai donc cavalé entre bus et tramway, tourné en rond en essayant de mordre ma queue comme un chat pris de folie souricière, été accostée par un italien libidineux en mal de compagnie qui voulait absolument que je m'asseye à ses côtés – « euh, non, j’crois pas ». Puis j’ai fini par appeler mon hôte, désespérée, et deux textos plus loin, me voilà enfin dans la bonne direction et dans le bon tram. 

Et rien, ni personne, n’aurait pu m’empêcher de manger mon plat de spaghettis au pesto nom de nom, même pas à 23 heures tapantes. 

J’avais certes martyrisé mes pieds, mais également mon pauvre estomac.


 * Librement inspiré d'un autre titre de film de Wim Wenders, 


mardi 21 octobre 2014

Petit Intermède ludique : mise en garde pour nos amis Vélotafeurs…

.. . dont moi bien entendu, sinon ce serait moins drôle ! 

J’appartiens donc à la catégorie des Vélotafeurs depuis pratiquement 3 ans, autrement dit ceux qui prennent leur vélo (accessoirement dans le train) pour se rendre au turbin.

J’avais fait déjà l’objet d’un vol il y a quelques temps de cela, en février – le 14, fête des amoureux pour être plus précise et je suis certaine que mon voleur, n’ayant point d’argent, n’a rien trouvé de mieux de me subtiliser mon chouette vélo pour l’offrir à sa dulcinée. Un cadeau qui ne coûte rien en somme… Sur la grand’place de Lille, qui plus est, haut lieu touristique avec sa fontaine centrale, même en hiver finissant. Mon ancien VTT étant trop girly, je doute que ce fut pour son usage personnel. 
 
Petit aparté : quand on se fait voler son unique moyen de locomotion, on passe les jours qui suivent à scruter fiévreusement le Bon Coin à la recherche du vélo perdu. Persuadée que celui-ci, repeint certes, à franchement la gueule de celui qu’on vient de se faire envoler.

Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence à ce fameux après-midi de samedi.

Comme je l’ai souligné en préambule, la bicyclette étant mon moyen de transport principal, je me déplace d’un point A à un point B de cette manière dans grosso modo environ 80% des cas. Donc, pour faire les emplettes dans mon petit Carrefour Market de quartier, je suis toujours munie : d’un sac, de mes sandows et de mes sacoches. Nonobstant l’indispensable antivol.

L’affaire prend tout au plus 20 minutes. J’ai ma liste et je n’ai pas envie de m’attarder dans les rayons. Je n’ai pas envie de poireauter non plus 3 heures à la caisse. (L’épisode chronologie est important car à un poil de cheveu de yack, j’y passais… encore !).

Je passe les portes coulissantes. Il me faut quelques secondes avant de comprendre que, oui, c’est bien mon vélo qui est par terre. Que fait-il par terre ? Me demandé-je, un tantinet interloquée. 
 
La première chose que je note, c’est le jeune homme, capuche abaissée, accroupi, une roue de vélo sur sa gauche. Roue qui n’est pas à moi puisque celle-ci est encore attachée solidement grâce au U de marque germanique. Solidement certes, mais orpheline du cadre qui se trouve à terre, lui.

On s’imagine toujours sortir une réplique bien sentie dans ce genre de situation, du type « vous avez besoin d’un coup de main pour finir de voler mon vélo ? ». En vérité, comme un dessin animé au ralenti, Bip bip poursuivi par Vil Coyote par exemple, il faut du temps avant que l’information ne remonte au cortex, ou tout au moins ce qui sert de restant de cerveau et, dans les ¾ des cas, ce n’est tout au plus qu’un balbutiement qui franchit les lèvres de l’outragé(e) : « mais euhhhhh…. ».

Ni une, ni deux, notre apprenti voleur, ayant compris qu’il s’agissait là de mon bien, remet sa capuche, reprend sa roue fermement, et file au trot – en courant en vérité – vers la sortie du parking, non sans m’avoir salué d’un «bonne journée madame ». Tu parles si elle était bonne : 5 minutes plus tard, et j’étais volée pour la deuxième fois sur la même année ! Au moins, mon voleur était poli. 
 
Moralité : un troisième antivol tu achèteras. 
 
Moralité bis : quand tu ne pourras pas attacher ton vélo par le cadre, grâce à ce nouvel antivol, tu attacheras fermement ta roue à desserrage rapide à ton cadre. La roue ayant été préalablement attachée par un gros U au rack gracieusement disposé par Carrefour Market.

Je vous épargne le spectacle des 3 malabars, qui tout en rangeant leurs courses dans leur voitures, assistant par la même occasion au spectacle, et n’ayant pas levé le petit doigt.

Triste époque que l’on vit !

mardi 7 octobre 2014

My Summer in Berlin - Day 2 : où comment je suis tombée en amour, comme disent nos cousins Québecois.


Je n’ai jamais cru aux coups de foudre, faute sans doute de n'y avoir moi-même pas succombé ne serait-ce qu’une seule fois dans ma vie. Et d’ailleurs, à proprement parler, je ne dirai pas que j’ai eu un, véritable coup de foudre pour cette ville. Mais il faut tout de même l’admettre : de Berlin, I fell in love, deeply, madly truly. Et bien voilà, on y était, me voilà donc follement amoureuse d’une grande dame au bout du 2ème jour. Déjà j'avais quand même senti les prémices la veille, lorsque mon avion avait atterri – un vol de nuit, c’est toujours sehr romantisch.

Pourtant on ne peut pas dire que ce 2ème jour avait bien commencé. Parce que je suis une grande phobique des transports en commun, à voile, à plumes et que sais-je encore, j’avais opté pour la solution de facilité, en l’occurrence me rendre chez mon hôte le lendemain matin avec un œil plus vif, l’espérais-je.

C’est sans compter ma malchance coutumière, pire que du mauvais chewing gum collé à la semelle de mes baskets. 
 
Déjà, pour commencer, il pleuvait ! Certes, ça ne me changeait guère de mon climat nordiste. Certes, donc, je n'avais qu'une seule chose à faire... me rendre dans le premier centre commercial pour faire l’acquisition… d’un magnifique parapluie bleu pétant. C’est après que les choses se sont gâtées parce que, après avoir pourtant bien suivi les indications, je n’avais aucune idée d’où pouvait se situer la Verdener Strasse, où je devais me loger. Pas grave, j’ai le numéro de mon hôte… sauf qu’il me manquait un chiffre ! Je vous épargne les stratagèmes par lesquels j'ai du passer, mais je finis par obtenir un numéro complet et mon hôtesse vint me chercher 15 minutes plus tard. 
 
Je commencerai donc mon périple touristique l’après midi après m’être restaurée avec une spécialité typique de là-bas…. Un kebab, enfin « vegeterier » pour ma part.

Il y a une chose tout bonnement incroyable à savoir sur Berlin, c’est qu’il est quasiment impossible de se perdre dans le réseau dense des S-Bahn, U-Bahn et tramway. Enfin quand je dis quasi, vous me comprenez, n’est-il pas ?
 
De l’Alexanderplatz, je retiendrai l’atmosphère électrique, mutli-culturelle. Animé non seulement par les touristes en goguette, mais aussi par toutes sortes de musiciens-plasticiens-mimes-vendeurs de currywurst. Des rencontres furtives et souriantes – un jeune bulgare qui me demande de le prendre en photo sur son smartphone plus que fatigué et ceci dans un anglais des plus parfaits, que bon nombre de mes concitoyens en rougiraient. Un SDF qui m’a demandé d’où je venais. Un groupe de jeunes turcs qui m’ont fait écouter leur « arabisch » électro. Une petite vieille qui circulait sur son fauteuil roulant à la recherche des consignes perdues. Car il faut savoir que toutes les bouteilles sont consignées là bas, verres ou plastiques peu importe. 2 « buckets guys » chevronnés qui ont joué une mini battacuda sur des seaux en plastique reconvertis en instruments de musique.

Puis en longeant le Rote Rathaus, la rencontre improbable avec deux semblants de « pousse pousse » tirés par d’athlétiques allemands - une autre façon de visiter la ville et un quartier atypique reconstruit pour le bonheur des touristes, mais pas forcément celui des habitants, excédés sans doute de se voir régulièrement envahi par une horde de Nikon, Fujifilm, Olympus et autres placement de produits.


 En revenant, parce que décidément je ne pouvais pas quitter l’Alexanderplatz de manière aussi cavalière, un spectacle de mimes donnés par des étudiants voulant se faire un peu d’argent de poche afin de poursuivre leur « on the road again ». Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre dans ma parfois mauvaise interprétation de la langue. Dieu sait si ma prof m’a particulièrement traumatisé alors que, tout compte fait, j’ai encore de beaux restes, entre les formules de politesse « bitte », « danke » « entschuldigung » et la phrase la plus cool qui soit pour moi : « ich bin vegeterier » pour signaler que désormais mon corps se refusait à ingérer tout type d’animal. D’ailleurs, au paradis des vegans de tous poils , les gens ne m’ont pas abreuvé d’un sempiternel  « mais tu manges du poisson quand même ? » (avec sa variable « mais tu manges du poulet quand même ? ») ; ou encore ne m’ont pas regardé comme si j’étais un extraterrestre tombée d’une étrange planète.

Et pour terminer ma longue après midi de fiançailles berlinoises – ou d'entamer ma soirée, au choix, pas de dernier verre mais un dernier concert. Des rappeurs très engagés politiquement, faisant intervenir les spectateurs en leur demandant d'écrire sur le trottoir ce qui leur passait par la tête, à l'aide de craies multicolores. Le public s'est  bien volontiers prêté au jeu. Et moi, ma petite voix intérieure me hurlait que moi aussi j'avais une furieuse envie d'écrire que  j'étais passée par là. Puis ça m'est passé.
 
C'est bien malgré moi que je me suis forcée à reprendre le chemin en sens inverse pour me remettre de ce flux d’émotions en écoutant Damien Rice et Anthony and the Johnsons.

Je ne savais par encore que la journée du lendemain serait encore plus riche en émotions.