lundi 30 novembre 2009

Vos papiers svp

Au moment où l'on parle d'identité nationale (sic), voici une scène dont j'ai été témoin ce midi.

Une voiture de police ralentit face à notre arrêt de bus. Je n'y prête pas attention, jusqu'au moment où un des occupants en sort et s'avance vers mon voisin de droite, un jeune homme occupé à lire l'un des nombreux journaux gratuits qu'on vous tend au sortir du métro. Certes, le policier lui demande poliment de lui présenter ses papiers ; certes le jeune homme obtempère calmement, mais il n'empêche que j'ai eu un drôle de sentiment tout à coup. Ce fameux délit de faciès dont les médias nous abreuvent à longueur de journée. Non, ce n'est pas une "légende urbaine" et je me suis sentie mal à l'aise brusquement. Nous étions pourtant une bonne quinzaine de personnes à attendre le même bus et pourtant, pourtant c'est à lui qu'on a demandé de s'identifier.

A votre avis, de quelle origine "visible" était il ?

Je suis convaincue que je suis bien moins française que lui puisque je ne suis pas née ici. Pourtant en 40 ans d'existence on ne m'a jamais demandé de présenter mes papiers.

J'ai croisé ensuite le regard de ma voisine de gauche qui avait eu vraisemblablement la même pensée que moi à cet instant. Je me suis sentie moins seule.

mercredi 25 novembre 2009

Viagem ao principio do mundo*

Le Portugal à beau être un petit pays, il n'en est pas moins escarpé au nord. Bien sûr, rien à voir avec le mont Blanc ou les Pyrénées, mais nos serras nous donnent quelquefois du fil à retordre, notamment les Estrela pour les conducteurs qui s'aventurent dans ces contrées sauvages. Je me souviens d'ailleurs d'une entrée fracassante... enfin non, cahoteuse, entre brebis, moutons et joli panorama plongeant si on n'est pas sujet au vertige.

Arrivés là, il nous restait encore deux bonnes heures de trajet, voire trois quand la brebis nous bloquait la route.

J'ai coutume de dire qu'il faut au moins un mois pour aller en vacances au Portugal : une semaine pour saluer la famille, une semaine pour dire au revoir et, entre deux, 15 bons jours pour profiter du farniente, du porto, de la plage et des salons de thé. Que voulez vous si la multitude de cousins, cousines, oncles et tantes veut absolument que vous restiez pour souper !

La ville où je suis née, celle de ma grand mère maternelle, n'était au départ qu'un village peu à peu absorbée par la ville voisine. Un pont fait frontière entre les deux ; un pont qu'on arpente régulièrement afin de faire ses emplettes au marché local ou prendre le tram. Nul besoin d'aller 10 km plus loin, Porto, pour se ravitailler en vins du même nom – il faut bien ramener un cadeau à ceux qui sont restés en France. Pourtant, quand on veut dépenser son argent, on filait invariablement au Pao d'Azucar (Pain de Sucre), un célèbre magasin comparable aux Galeries Lafayette ici.

Moi, ce qui me mettait en joie, quand j'étais gamine, et même plus tard, ce sont nos promenades au Palacio de Cristal (ça va, pas besoin de traduction ?). La nuit c'était excitant de profiter de l'animation car tous les portésiens s'y retrouvaient. Nous y dégustions des farturas, sorte de beignet bien huileux et bien gras, ou des glaces qui menaçaient de s'écrouler comme ces glaces italiennes que l'on trouve aux bords de mer l'été. Des familles s'y restauraient en mangeant les fameuses Tripes de Porto. Nous nous élancions ensuite dans les manèges installés là de manière permanente tandis que les adultes retrouvaient un peu de quiétude dans les jardins "à la française". Quelquefois nous avions droit également à des concerts – rock, fado ou variété. Les manèges n'avaient rien à voir avec les grand huit ou la tour de la terreur mais nous nous y amusions comme des petits fous.

Le modernisme effréné est passé par là car ces deux haut lieux de détente et de shopping n'existent plus : le Palacio n'est plus qu'une curiosité de promenade et le Pao de Acucar a été supplanté par d'énormes centres commerciaux comme celui de Santa Catarina qui n'ont certes rien à envier à ceux des plus grosses métropoles européennes : bien achalandés mais déshumanisés.

En vacances, nos habitudes changeaient du tout au tout : si on n'était pas invités dans la famille pour le dîner, on se rendait souvent au restaurant ; et les restaurants de fruits de mer valaient l'attente et les longues files qui peu à peu s'engouffrent à mesure du service. Petit conseil, si d'aventure vous allez en vacances là bas, demandez une demie-dose par personne. Faites moi confiance.

Avec notre argent de poche qui, avant l'euro, se transformait en portefeuille bien garni, nous le dépensions en diverses sucreries et gâteaux dans les salons de thé ou nous marchandions férocement sur les marchés pour acquérir un Lévi's 501, contrefait sans doute, mais que nous arborions fièrement à la rentrée scolaire suivante. En nous entendant parler en français ou avec notre mauvais accent portugais, les camelots essayaient de gonfler les prix – c'était de bonne guerre – mais nous n'en laissions pas conter.

Le mois s'écoulait rapidement, trop à notre goût, entre soirées grillades ou sardines, parties de foot dans le patio ou virées crépusculaires sur la plage. Ça peut paraître cliché, mais le spectacle d'un soleil qui se couche est toujours agréable à contempler.

La dernière semaine, celle des visites "au revoir", nous étions chargés de multiples cadeaux – ceux que nous donnerions et ceux que notre innombrable famille nous donnait en échange des nôtres.

Nous repartions en France regonflés à bloc et les rêves plein la tête.

Il me tarde d'y retourner.

Suite... et Fin !

* Voyage au début du monde (film de Manoël de Oliveira, célèbre réalisateur natif de Porto)

samedi 21 novembre 2009

Le bal des tracas

Faire des courses pour une Intrépide telle que moi relève du parcours du combattant. Déjà, il ne faut jamais s'attendre à ce que le magasin soit désert un samedi matin. Tout le quartier s'étant donc donné rendez-vous là... par conséquent, embouteillages près des caisses ! Manquait plus que les constats entre deux accidents de caddies qui s'entrechoquent afin de piquer une place. Et je vous assure que passer derrière trois charriots rempli à rebord alors que l'on a deux sacs de provisions, on a le temps de voir du pays.

Visiblement, je ne suis pas au bout de mes ennuis. En déposant mes articles sur le tapis déroulant, paf la lanière de mon sac se fait la malle et je me retrouve comme une andouille à souhaiter à ce qu'une troisième main pousse au milieu de mon torse afin de porter le sac tombé en disgrâce... enfin tombé tout court. Passé ce souci de logistique, je sors enfin du magasin, dès que les portes automatiques veulent bien s'ouvrir, et me voilà ahanant, ployant sous le point de deux énormes sacs à provision, entamant un chemin retour de 10 minutes à pied – ça c'est pour ma séance hebdomadaire de sport. Mais j'y arrive ; j'y suis enfin, chez moi.

Arrivée devant la porte de mon appartement, grand moment de panique, et de solitude aussi. La clé s'insère mais ne tourne pas. L'hiver dernier nous avions eu quelques soucis relatifs à la serrure – une serrure trois points, rien que ça, très sécurisante mais extrêmement coûteuse en cas de problème. J'imagine déjà la tête du serrurier en train de se frotter les mains, ou mieux encore, je m'imagine faire de l'escalade jusqu'à la fenêtre de la cuisine, au première étage... Après quelques essais infructueux, la porte ne résiste plus. Je pousse un soupir de soulagement, rassurée ou presque.

C'est sans compter un autre tracas.... Le dernier je l'espère.

Comme à mon habitude, je lance un coucou à mes deux crapules sur pattes... mais voilà qu'ils sont introuvables ! Ni dans leur cages, ni en dessous de la table. Pas plus dans le cellier que dans ma chambre. Je commence à croire qu'ils se sont faufilés derrière moi quand je suis sortie et qu'ils se sont empressés de grimper les marches pour se retrouver à l'étage supérieur. Moquez vous mais Oscar m'a déjà fait ce coup là et on n'est jamais trop prudente. Sur le coup, je m'inquiète sérieusement. On t-ils été enlevés par une soucoupe extraterrestre en forme de carotte ? Je n'en mène pas large car, malgré mes grognements intempestifs à cause de leur bêtises, je les aime mes petits poilus.

Que croyez vous qu'il arriva ?

Ces deux bandits aux longues oreilles m'avaient suivis jusque dans les toilettes – ne me demandez par pour quelle raison ils adorent cet endroit – et comme j'avais refermé la porte avant de partir, je n'y ai pas pris garde. Même s'ils s'étaient déjà attaqué à la tapisserie et attaquaient l'autre pan du mur quand je les ai trouvé, j'étais contente de les revoir. Plus de peur que de mal donc.

Malgré le beau soleil et le temps relativement clément, il est hors de question que je sorte de nouveau aujourd'hui. La journée n'est pas terminée... ni les possibles tracas si j'ose encore m'aventurer dehors.

Décidément, je porte bien ce nom d'Intrépide. Vous ne trouvez pas ?

vendredi 20 novembre 2009

Dollhouse

...Ou l'art et à la manière de sabrer une série dotée d'un énorme potentiel. Ici, il s'agit de la programmation "logique" d'une chaîne télé, Teva pour ne pas la nommer.

Commençons par les doléances : Teva a eu la fâcheuse idée de programmer l'épisode pilote sans pub, ou peu, alors que je l'attendais impatiemment, comme la fan de Joss Whedon que je suis. C'est donc avec un sentiment de frustration que j'ai pris le train en route. Deuxième point râlant, c'est l'horaire proprement dit de programmation du show. 1 heure du matin avec 3 épisodes d'affilée c'est, comme qui dirait, abuser des bonnes choses et des bonnes volontés, mais je tiens le choc, envers et contre tout, allant jusqu'à adopter la méthode des allumettes pour rester éveillée... Ok j'exagère, les intrigues suffisent à rester devant le petit écran.

Les points négatifs passés en revue, parlons de la série en elle-même.

Comme toute bonne série basée sur la conspiration, celle-ci a la sienne : la dollhouse est un laboratoire secret, et ses agents enlèvent (?) des personnes avec un profil bien précis en vue de missions plus ou moins avouables (poupée sexuelle, tueurs à gage, soldats mercenaires). Grâce à une technologie de pointe, des scientifiques peu scrupuleux effacent la mémoire de ces dolls à chaque nouvelle mission. On peut suivre ainsi le destin de quelques poupées programmables, dont Echo, interprété par Eliza Dushku, qui a abandonné ses fonctions de tueuse de vampires psychopathe* et de ranimeuse de cadavres**. Peu à peu, Echo retrouve des bribes de mémoires entre deux contrats. Au fur et à mesure, on comprend qu'elle est utilisée par une taupe afin d'aiguiller un agent du FBI soucieux de révèler la conspiration au grand jour. Bref, je suis cliente de cette série très habile aux scénaris extrêment bien ficelés. Chaque épisode raconte une histoire, une mission, et au fil des épisodes on découvre le plan d'ensemble, les motivations des uns et des autres. Méthode usée jusqu'à la corde mais très redoutable dans ce cas précis.

Whedon est un petit malin qui surfe sur plusieurs concepts, dont celui la théorie du complot si chère à X-files, bien qu'il n'y ait pas de petits hommes gris ici, mais des agents protecteurs de dolls qui se comportent parfois comme de vrais prédateurs. Dans la volée des épisodes de mercredi, on évoque le mythe urbain de la dollhouse par le biais d'un reportageTV . Je vous avoue avoir cherché sur wiki mais je n'ai rien trouvé pour le moment.

Ce qui est fascinant, ou effrayant en l'occurrence, c'est qu'une personne peut disparaître de la surface de la terre pour réapparaître sous les traits d'une doll reprogrammable à l'infini, et dont on efface la mémoire en l'écrasant à chaque fois, en commençant par sa personnalité originelle, par le biais d'une vulgaire disquette qu'on insère dans un ordinateur. Ne pas avoir conscience de ce qu'on a été, de ce qu'on a aimé, des gens qu'on a côtoyé. Ne plus être qu'un pantin vide d'émotions entre deux missions. Et le pire : être privé de son libre arbitre. Ça fait froid dans le dos.

Le générique de début est plutôt accrocheur et entêtant. Jetez-y un oeil si vous le pouvez. Cette série tient toute ses promesses.

Flûte, je n'ai plus assez de temps et de place :) pour parler d'une autre brillante série US qui vient de s'achever sur RTBF et dont TF1 a racheté les droits, The Mentalist. Elle aussi vaut son pesant d'or et je ne serais pas étonnée que vous reposiez votre télécommande !

    * Buffy contre les vampires / Angel

    ** Tru calling

lundi 16 novembre 2009

Petits plaisirs

J'aime être encore debout quand tout le monde dort d'un sommeil profond, comme si j'étais seule au monde. Ce n'est pas forcément de l'insomnie, juste le désir de ne pas se coucher tout de suite. Peu importe que j'ampute ainsi quelques heures à ce sommeil que je sais nécessaire pourtant, mais je résiste encore, un peu, pas toujours.

J'aime écouter de la musique dans mon lit, quand minuit sonne ; quand tout est silencieux. Parfois je m'endors quelques secondes car le corps, le corps, que voulez-vous faire contre lui ? Et puis je me réveille en sursaut parce que la plage musicale suivante n'est plus que bruit. Je sais alors qu'il est temps de songer à rêver gentiment.

J'aime l'odeur du café le matin qui goutte à goutte dans le percolateur, râlant de manière sonore comme une vieille locomotive bonne à jeter à la casse. Surtout l'odeur du café le dimanche. Parce que le jour du Seigneur... Moi aussi j'arrête le temps, bien au chaud sous la couette, à demi ensommeillée. Demain peut attendre. Le ciel aussi.

J'aime sortir de la douche quand la buée recouvre les miroirs, entre la chaleur de l'eau et la tiédeur de la pièce environnante. On sent délavée de toutes les impuretés, des miasmes de la veille, et des jours précédents. Et puis, ça réveille, définitivement.

J'aime m'allonger sur le canapé, dans la touffeur d'un été, en pleine divagation d'après repas dominical. Le temps s'écoule différemment. On arrête sa course pour une journée. Le temps suspend son élan à la vitesse de 24 images par seconde, celle du DVD qu'on insère dans le lecteur. Et parfois, parfois on somnole.

Puis le soir, tout recommence pour s'enclencher dans un nouveau lendemain. Chaque jour ne ressemble pas cependant à la veille.

La liste n'est pas exhaustive, bien sûr. Elle peut continuer à l'infini. Elle peut se remplir au fil des envies et des moments.

Alors, et vous, quels sont vos petits plaisirs ?

dimanche 15 novembre 2009

Saez

Pour les fans de Damien Saez - j'en connais au moins un, n'est-ce-pas Guillaume ? voici le lien pour télécharger un morceau totalement inédit du nouvel album de Saez qui sortira l'année prochaine. Il s'agit de "Police". Attention, cette opération n'est valable que jusque demain soir ! (Pour ma part, c'est déjà cliqué). En prime les billets pour le concert au Zénith sont déjà disponibles (lien de gauche). Je vais peut-être me laisser tenter... et être un peu plus rapide cette fois ! Un clic, sur l'image ci-dessous, et vous y êtes. Bonne écoute.

vendredi 13 novembre 2009

Devoir de réserve (pince-moi je rêve !)

Une fois n'est pas coutume, un deuxième billet de circonstance sur un fait d'actualité déjà évoqué ici et largement relayé par les média. A mon tour de rebondir, ou plutôt de bondir sur la dernière boulette en date. Qu'un ministre ne soit pas d'accord avec les propos d'une lauréate au Goncourt, c'est une chose, mais qu'il lui demande de respecter un devoir de réserve qui n'existe que dans ses rêves à ce monsieur, que je n'ai pas envie de nommer, ça s'appelle une connerie politique. En même temps, vu les dernières en date et la vitesse à laquelle elles sortent, on n'est plus à une près non ? Et bien non. Ça commence à suffire cette suffisance et ce mépris constant à l'égard des gens qui les ont élu et aux autres, ceux qui ne les ont pas élu.

Que je sache, le devoir de réserve concerne les représentants de la fonction publique. Il s'agit même d'une jurisprudence datant de 1935 imposant une certaine neutralité et un respect de la hiérarchie... mais je ne suis pas juriste de formation ; je ne m'étendrais donc pas là dessus. La définition commune est claire pour tout le monde, sauf pour ce cher ministre. Qu'on ose parler d'un tel devoir (?) pour une intellectuelle, un écrivain, dont l'existence même est de s'occuper des choses de l'esprit, de porter une réflexion personnelle à un ensemble plus vaste, c'est carrément n'importe quoi et je reste courtoise. Faut il que les artistes soient en faveur d'Hadopi pour que le gouvernement les avalise ? Faut il qu'on dise amen à tout pour qu'on soit regardé avec un peu de considération ?

De mémoire d'historienne, qui plus est passionnée de sciences politiques, je n'ai jamais vu un tel mépris des gouvernants envers un peuple. Enfin si, il y a deux siècles et demi ou presque. Cette nouvelle aristocratie, sûre de son bon droit, des deniers qu'elle dépense – les nôtres - a t'elle oublié qu'à force d'insulter l'intelligence des électeurs, ceux-ci vont finir par se lasser ? A force de prendre des vessies pour des lanternes, de faire croire qu'on a des compétences pour un poste à responsabilités ; à force de vouloir nous faire avaler que les auvergnats... bref de nous prendre pour des cons, bons qu'à la fermer ou dire " oui oui" sans réfléchir. La foule finit un jour par gronder...

Et puis cette dérive vers "tu n'as pas le droit de critiquer" me fait étrangement penser au non moins fameux "la France tu l'aimes ou tu la quittes " qui donne la nausée. Je pensais que nous étions en démocratie et qu'à fortiori, même quand on est pas d'accord, on doit tenir compte de toutes les opinions. D'ailleurs comment combattre les idées les plus abjectes si on les muselle constamment ? Je parle bien entendu d'un certain parti d'extrême qui, fut un temps, à force d'être blackboulé ou vilipendé a vu certainement son aura accroître de mauvaise manière par ce droit au débat qu'on lui refusait. Pourtant, je vous assure, je suis une humaniste et mieux encore, une démocrate qui aime son pays. Loin de moi l'envie de le quitter, ce pays, car ma vie de femme est ici, 36 ans tout de même que j'habite ici, et mon identité en tant qu'être façonné par les gens que j'ai rencontré, quitté ou détesté.

Je veux bien tolérer beaucoup de choses, mais la suffisance poussée à ce point, j'appelle ça cracher sur les gens.

Edit : aux dernières nouvelles, ce "cher" monsieur reconnaît avoir été un peu excessif dans ses propos. C'est le moins qu'on puisse dire !

lundi 9 novembre 2009

1989

Certes, je ne vais pas faire dans la folle originalité avec ce billet de circonstance mais, que voulez-vous, j'ai quand même assisté à cet événement comme des millions de trentenaires ou de quarantenaires... euh moi donc. D'ailleurs je ne vais pas me lancer dans une analyse politique ni un exposé chronologique. Je voudrais juste retracer le mélange de sentiments qui s'est emparé de moi ce soir-là, comme sans doute pour quelques autres.

C'est par le biais de mon petit écran que j'ai pu voir la fin d'une époque. Il est clair aussi que, si l'occasion m'en avait été donnée, j'aurais aimé être au premier plan et, pourquoi pas, participer à la destruction du mur... même si je n'étais pas une allemande. Je ne le suis toujours pas et, à vrai dire, je suis fâchée avec la langue de Goethe.

Je venais de rentrer à la fac à l'époque depuis un mois à peine. Oui, nous étions bien plus fainéants qu'aujourd'hui et le premier semestre, pompeusement baptisé ainsi, était amputé d'un bon tiers.

Nous sentions que quelque chose de réellement important allait se passer. La révolution pacifique se mettait en marche. A l'est, le bloc chancelait sur ses bases et à l'ouest, rien de nouveau sous le soleil sinon ce sentiment extraordinaire de liberté que nous percevions inéluctablement. Ce vent de liberté qui soufflait dans nos cheveux et nos idées depuis des semaines, des mois, voire des années.

Mon père avait allumé la télévision comme chaque soir sur les informations, sauf que cette fois il y aurait plus que des gros titres et qu'en l'occurrence nous vivions l'événement en direct ou presque. Je me souviens parfaitement de ce mix entre ébahissement et allégresse. Je n'en croyais pas mes yeux de voir tous ces gens amassés là qui démolissaient pierre par pierre l'objet de la honte. Leur joie était la nôtre. Cette électricité palpable que nous sentions derrières nos écrans et à laquelle nous participions en discutant vivement autour de la table. Cette Vox Populi rejetant un vieux monde scindé en deux. Nous vivions leur liberté par procuration. Leur espoir était, en quelque sorte le nôtre. Même si, avec le recul maintenant, je me rends compte que cet espoir s'est amenuisé avec le temps et le triomphe insidieux du capitalisme tel que nous le connaissons avec toutes les ramifications que cela implique.

Je me souviendrais toujours quand le mur est tombé. Il faut dire aussi que ce triste 20ème siècle nous a donné peu d'aussi beaux souvenirs. 1989 fut une belle année, celle de mes 20 ans. Mes idéaux n'ont pas changé depuis.

samedi 7 novembre 2009

Crapule(s)

Zyva, j'le crois pas : elle nous a traité de crapules sous prétexte qu'on fourre nos truffes partout ; qu'on pose nos pattes n'importe où, du moment qu'on sent l'odeur du napalm... euh de la bonne nourriture pour pinous.

Bon, c'est vrai qu'on est des lapins de compétition avec nos pattes arrière prêtes à démarrer au quart de tour comme si on était les rois du karting. C'est vrai aussi qu'on a la fichue manie de se fourrer dans les situations les plus dingues... mais de là à nous traiter de canailles ! Pfff, j'm'en vais appeler BB moi.

Ouep, l'autre jour Enzo a balancé la manette de jeu de la console. Hum, faut croire qu'il voulait se faire une partie de Lapins crétins et roter après avoir bu une dizaine de canettes de coca. Ok, de mon côté j'ai la sale manie de me traîner les patoches là où il faut pas ; de vouloir aller là où j'ai pas le droit... genre les chaises du salon mais euh, c'est quand même mon frangin qui a grimpé sur la table, pas moi ! Sur le coup, l'Intrépide a râlé quand elle a vu ça parce que, vu la hauteur de la table, c'était assez casse truffe son jeu à Enzo. Déjà qu'on fout le boxon sur le canapé ; qu'on s'amuse à faire des dérapages contrôlés.... ou qu'on squatte la salle de bains au moment où l'Intrépide veut prendre sa douche et qu'on s'écroule juste sur le seuil jusqu'à ce qu'elle râle "Vous rentrez ou vous sortez ?".

Mon frangin est plus calme quand il est pas avec moi, ceci dit. N'empêche que je le pousse pas non plus à grimper n'importe où. Paraît qu'on est très curieux et déjà on a chacun notre surnom (moi c'est Bob Morane l'aventurier et lui c'est Patapouf 1er le mangetout).

A notre décharge, on est deux jeunes lapins plein de vie, en phase d'adolescence... mais sans les boutons d'acné, encore heureux – vous imaginez le truc – beurk beurk ! Alors, nous traiter de crapules parce qu'on est des petits fous fous.... Vas-y, on est pas de la teci !!!

PS : Au jeu du "qui est qui ?", sauriez-vous deviner où est Charlie ? Où est Enzo ?

jeudi 5 novembre 2009

Tourner la page

Des amitiés s'en vont avec l'usure du temps et des déceptions. Les amitiés meurent de leur belle mort ou par accident, provoqué ou non. La rancoeur des uns et la stupidité des autres ont précipité la chute. Certaines amitiés ont fait leur temps et cela ne sert à rien de recoller les morceaux. En tout cas, je n'en ai ni la volonté ni le désir. Quand c'est fini, c'est fini et il ne reste plus qu'à déchirer la page pour en écrire d'autres plus belles, tout au moins peut-on l'espérer.

D'autres amitiés se profilent à l'horizon. Du temps que l'on picore en gourmande avec un plaisir non dissimulé. Un sourire naît d'un badinage et, pour un court instant, on en oublie la gravité des choses. On oublie que la vie n'est pas toute rose et on se prend à rêver, encore. De vraies rencontres ou d'autres en pointillé.

Puis il reste les amitiés immuables, réunies autour d'un point commun, d'un déclic, d'un feu aux poudres. Des origines diverses, des personnalités différentes, des caractères bien trempés. Mais chacune de celles-là me sont précieuses et quand il arrive quelque chose de bon à l'une, l'autre est contente de ce bonheur, sans arrière pensée, avec sincérité.

Il est donc temps de tourner la page, plus que temps. Qui sait si le petit poucet de la fable trouvera d'autres cailloux sur sa route ?

lundi 2 novembre 2009

Petit poucet

Je me cache derrière les mots, mes mots, afin de minimiser les maux. Au fond de moi, je reste cette enfant perdue, le petit poucet du conte défait, celui qui erre dans la forêt ; qui sème des cailloux afin de retrouver le chemin de la maison. Malgré cela, je ne sais pas si je le retrouverais, ce paradis perdu. Pas plus que je ne sais si je me trouverais, tout simplement. Dites-moi, y a t'il quelqu'un qui le fera pour moi ? Ce soir je suis fatiguée. Je n'ai plus l'envie de chercher.