mardi 29 septembre 2009

Etre seul au milieu, à la fin

Parfois certaines lectures font résonance comme récemment chez Sébastien. Le hasard, ou non, faisant bien les choses, nos deux textes ont été écrits vraisemblablement en même temps. Parfois j'hésite à cliquer sur "publier" ; d'autres fois il me faut juste laisser décanter le texte quelques jours, comme c'est le cas ici, avant de me résoudre à le faire. Le postulat de départ de ma réflexion, récurrente depuis un long moment déjà, porte sur le sentiment de solitude et le désir que chacun d'entre nous possède en lui de multiplier ce chiffre un par deux. S'il a pris le parti du deux, moi j'ai fait le chemin inverse. Pour la petite histoire, le titre du billet est inspiré des textes de Damien Saez et ce n'est pas un hasard si son univers me touche autant. Voici donc un autre "poids des maux".

On peut être seul dans la foule et être une foule à soi, avec autant de personnalités que les autres veulent bien vous donner. On peut s'estimer heureux ne pas être malheureux et être malheureux de pas être heureux. On peut survivre en pensant qu'on vit et vivre en sachant qu'on ne vit plus. Chacun en ce monde naît dans le plus simple appareil et meurt vêtu d'oripeaux ou du plus bel apparat. Mais la chose certaine, avérée, indiscutable, c'est qu'on est finalement toujours tout seul en ce monde parce que, même si les autres sont persuadés de nous comprendre, ils n'atteindront jamais la parfaite compréhension de ce que nous sommes, de ce que nous voulons être ou de ce que nous semblons dire. Les mêmes mots n'ont pas forcément la même signification pour les uns et les autres ; en fonction de sa propre sensibilité chacun comprend ce qu'il veut.

Chacun de nous est son propre univers ; des univers qui s'entrechoquent, se découvrent, se repoussent, se dédoublent à l'infini, donnant parfois naissance à une nova. Toutes ces solitudes qui se rencontrent un bref instant ou plus, ou jamais. En cela la parade est infernale.

On peut être seul parmi la foule, avoir le sentiment de n'être qu'une fourmi dans une vaste fourmilière. Et pourtant....

Et pourtant, nos vies sont si vastes à nos yeux. Tel est le paradoxe de la vie.

samedi 26 septembre 2009

La Maison des Carottes Secrètes

"Ici la Voix. Nous allons accueillir deux nouveaux arrivants. A vous de découvrir quel est le secret de ces deux habitants."

- Hey ho ! Ça va pas ? On va pas rester trois mois non plus…

- Tais-toi Charlie. On a la chance de pouvoir gagner un tas de belles carottes. A partir de maintenant, toi et moi on se connaît pas.

- Euh… j’voudrais rien te dire, Enzo, mais tu crois pas qu’il y a une certaine ressemblance entre nous ? J’dis ça, j’dis rien moi.

- T’inquiètes. Je mettrais des lunettes, une moustache, et le tour sera joué.

"Ici la voix. A vous la maison des carottes secrètes"

- Au début, on était pas logés à la bonne enseigne. On avais en tout et pour tout qu'une cage de un mètre sur 45 centimètres. Ok on était tout petits à l’époque. On pesait à peine 400 grammes. Pfff, des p’tits bébés qui faisaient que dormir – bon ça n’a pas changé d’ailleurs. C’était notre pièce secrète de la maison….

- Secrète, secrète qu’il dit, l’autre. Et les barreaux, ils sont là pour faire beau ? Ils sont là pour le fun ? Secrète, pfff…. On se croirait dans un mauvais épisode de Prison Break…

- Arrête de me contredire tout le temps, Enzo, c’est moi qui cause. C’est moi le chef ! Bon, je reprends. On nous a introduit dans la Maison des Carottes Secrètes pour qu’on se mêle aux autres pinous. M’enfin ils sont bizarres ces deux là. Une pinou très grande avec des trucs sur le museau - on appelle ça des lunettes… m’enfin grande, c’est vite dit, et des fois elle s’allonge par terre et on vient la renifler. Même que Enzo adore manger ses poils... enfin ses cheveux.

- Oh, ça va, hein, t’es pas obligé de raconter notre vie non plus !!

- Quoi, c’est pas vrai ? Tu manges pas les cheveux des gens toi ?

- Bah ça ressemble tellement à du foin.

- Mouais, du foin noir alors. Passons. Il y a aussi un autre lapin bizarre qui vient tout le temps voir ce qu’on fait. C’est le frère de la pinou en chef. Elle arrête pas de nous houspiller quand on fait les cons, en disant que c’est elle le boss ! Pfff, on fait semblant de lui obéir si ça lui plaît…

- Charlie, tu pars un peu dans les digressions. Je vais continuer. Donc, au début on était en cage puis petit à petit on a eu un peu plus d’espace. C’est pas si mal car, comme ça, si on se dispute, chacun va bouder dans son coin. J’ai beau adorer mon pinou de frangin, des fois il me casse les pattes à toujours vouloir me dominer. Faut dire aussi que notre clapier est pas trop mal aménagé avec un carton qui sert de terrasse, une maison en bois, un arbre à chats – on s’en sert pour le démonter - ça nous amuse hum - une cabane en carton marron où on aime bien faire la sieste. Pas de piscine dans notre maison parce que contrairement à vous, les humains, on déteste la flotte, sauf pour boire. Quelle idée de se laver cette manière alors que c’est bien plus simple de se faire la toilette mutuellement ! On peut dire qu’on est écolo. Bien sûr, pour accéder à la supérette, faut faire quelques missions euh… comme du genre à porter un sachet sur la tête, bondir sur le canapé, passer derrière la télé... mais bon le jeu en vaut la carotte car on a plein de bonnes choses… des granulés, du bon foin vert croquant, des légumes – on aime trop le céleri et les endives, ou encore des fruits comme la pomme – mais ça on n’en a pas trop souvent car il paraît qu’il faut pas abuser des bonnes choses. Bon tout ça pour vous dire qu’on est bien à la Maison des Carottes Secrètes et qu’on vous demande de garder vos SMS. Inutile de taper 1 pour Charlie et 2 pour moi, Enzo. ON VEUT PAS PARTIIIIIIIIR !!!!!! VIVE LE RABITT POWER !!!!

mercredi 23 septembre 2009

Quand vient la fin de l'été....

Je ne sais pas si c'est moi ou si mes souvenirs paraissaient plus beaux qu'ils ne l'étaient en réalité, mais les vacances n'ont plus le même goût, la même saveur bien que les grains de sable qui s'immiscent dans les baskets ou les sandales restent toujours les mêmes – collants, irritants. Sans doute que les images que j'en ai sont différentes aujourd'hui, plus colorées à travers ce kaléidoscope qu'était l'enfance, mon enfance. Sans doute que ces tubes de l'été que nous chantions à pleine voix renvoyaient à cette imagerie d'Epinal typiquement américaine avec les coupés sports et les cheveux au vent dans le soleil couchant – en fait, une vieille 2CV verte dotée d'un toit ouvert, et les rires irrépressibles à chaque cahot sur ces chemins de campagne.

J'ai la ferme conviction pourtant que nous étions très insouciants à l'époque ; peu soucieux justement de ce que l'avenir nous réserverait, juste conscients que c'était le domaine de tous les possibles, tous les équations humaines à résoudre, tout les balbutiements des sentiments à éprouver. Peut être que c'est ce que tout être humain ressent quand l'automne revient, déprimant, songeant que l'été de sa vie s'amenuise au fil des mois, des années. Aussi, peut-être par pure nostalgie, laissez-moi vous raconter quelques uns de mes plus beaux étés. Un feu de camp. Un voyage au Portugal. Un match de foot dans un champs moissonné. Pas ce soir, non, car les billets sont en écriture. Au départ, c'était une idée de Lu', un concours auquel je m'y suis prêtée à la dernière minute – comme toujours, mais les germes étaient là : il y aurait plus qu'un billet, plus qu'un épisode de Zora la rousse.

lundi 21 septembre 2009

Refaire le match

En déménageant, je ne pensais pas que, malgré ma passion pour les salles obscures, j'irais justement nettement moins au cinéma. Il faut dire que par pure fainéantise et, même si j'ai vraiment envie de voir tel ou tel film, je finis par laisser tomber. La perspective de devoir prendre un bus puis le métro avant de poser mes fesses sur un strapontin , non sans avoir cédé au rituel du pop corn, me décourage à coup sûr. Avant, quand j'habitais en centre ville, rien ne m'était plus facile que de me rendre à l'UGC. En 20 minutes si je traînais -15 s'il pleuvait, j'étais dans la file en attente de mon ticket.

Et puis il y a aussi un deuxième inconvénient à ce que j'hésite à me faire une toile : rien ne m'est plus stimulant que d'y aller en étant accompagnée, si possible avec quelqu'un qui partage la même passion que moi. On peut très bien ne pas être du même avis ou de même sensibilité cinématographique, l'important est de "refaire le match", enfin refaire le film plan par plan et, d'une certaine façon, refaire le monde sans toutefois être attablés autour d'un petit crème ou d'une petite mousse.... comme par exemple hier soir justement quand nous sommes sortis de la dernière séance du "Inglourious basterds" de Quentin Tarantino puisque c'est en rentrant dans nos pénates respectives que nous avons vivement discutés des deux heures trente de projection à laquelle nous avions assistés. Je ne vais pas me fendre d'une critique du film, même si j'avoue que j'ai été légèrement déçue par la dernière production de Tarantino, réalisateur que pourtant j'adore. Je ne vais donc pas retranscrire la conversation animée que nous avons eus, L. et moi - sauf si vous insistez.... mais j'ai quand même appréciée à leurs justes valeurs toutes les références parsemée ici et là.

Hier soir donc pour la première fois depuis longtemps, j'ai retrouvé ces instants où l'on sort de la salle alors qu'on est encore imprégné de ce qu'on vient de voir, et que l'on a une envie commune de prolonger la magie. N'est ce pas là le but justement de prolonger le plaisir jusqu'au bout de la nuit ?

Bref, si j'aime autant aller au cinéma, c'est surtout afin de partager un moment après coup et "refaire le match", pour emprunter à l'émission d'Eugène Saccomano, bien qu'ici il ne s'agisse pas de football. Vous conviendrez que partager un moment avec soi même, c'est comme qui dirait un peu schizophrène, non ? Et vous, si tant est que vous soyez un peu mordu(e)s de cinéma, comment voyez-vous la chose ?

vendredi 18 septembre 2009

L'être et le savoir

Depuis que j'ai annoncé quelles étaient mes véritables attirances, la même question me revient sans cesse : es-tu sûre que tu ne changeras pas encore ? Sous entendu revenir vers les garçons...

La réponse est non. Définitivement non. Je sais, ça paraît catégorique, mais je n'ai plus aucun doute là dessus. S'il m'a fallu 35 ans pour définir qui je suis et accepter une vérité que j'ai inconsciemment refoulé, ce n'est pas pour refaire le chemin inverse. Je reviendrais sur ces signes plus longuement une autre fois, de manière ludique. Le billet est prêt mais il me reste encore à apporter quelques modifications.

Plus sérieusement, accepter cette vérité après être passée par une phase d'introspection – aimais-je vraiment les filles ? Les garçons ? Les deux ? - et ces multiples questionnements, ne peut être remis en cause par cette question récurrente qui me fait sourire au final.... comme si c'était une lubie passagère de ma part et non une véritable évolution puisque je reviendrais dans le giron de l'église hétérocentrée.

En discutant ici ou là, certaines personnes se reconnaîtront sans doute, j'ai longuement expliqué ce qui m'avait amené à cette certitude. J'ai ensuite souligné la chance – je dis bien la chance – que j'avais eu de me révéler à un âge aussi tardif. Je ne suis pas sûre que la chose eût été plus aisée si je l'avais compris à 20 ans, tellement j'étais mal à l'aise dans mes pompes en bon petit canard boiteux. Le canard n'est pas devenu le cygne du conte d'Andersen, mais je me contente de ce qu'il me donne. Je me satisfait de cet équilibre fragile.

Désormais, je peux le dire clairement que je vis la « chose » de manière posée, sereine, sans forcément le brandir haut et fort – je ne le clame ni ne m'en cache pas... ça aussi j'y reviendrais un autre jour. Je réfute l'appartenance à une communauté qui me donne souvent l'impression de tourner en rond. S'enrichir de la différence, des diverses cultures ou sensibilités c'est bien aussi. Je le vis de la manière la plus naturelle qui soit, sans avoir à me le prouver chaque jour ou le prouver à qui que ce soit. Ceux qui ne l'acceptent pas et bien, tant pis, je passe mon chemin. Le package est livré tel quel. Voilà, toujours ce mot – naturel – qui revient.

Cela ne veut pas dire pour autant que je vais devenir une pro de la gachette verbale anti hommes, puisqu'il se trouve que l'un de mes meilleurs amis est un garçon justement.... sauf si entre temps il a décidé de changer de sexe, sait on jamais ? Mais non L. Je plaisante.

mardi 15 septembre 2009

Entrer en Résistance

Non, non je ne vais pas vous faire un cours d'Histoire... juste vous raconter une petite histoire.

Il y a des jours qui ressemblent à Noël avant l'heure et aujourd'hui ce fut le cas pour moi. Quand j'ai ouvert la porte du magasin, après une réunion d'information en vue de changer de fusil d'épaule au niveau professionnel, j'avais le sourire aux lèvres. Pardi tout avait changé ! Les rayons avaient été déplacés ! Après quelques minutes de recherche, je me suis enfin dirigée vers le périmètre qui m'intéressait, n'ayant pas remarqué qu'il était pourtant en tête de gondole dans le coin des "nouveautés" – ça c'est pour mon côté Pierre Richard au féminin. Je n'ai pas hésité un seul instant avant de prendre la version collector, évidemment. Puis j'ai fureté un peu, écoutant par ci par là quelques albums qui m'intriguaient et m'offrant également dans la foulée, tant qu'à faire, le "controlling crowds" qui tourne en boucle dans mon lecteur depuis des semaines. Et je suis repartie bon pied bon oeil vers les caisses. J'ai même demandé à la caissière si elle en avait passé beaucoup depuis ce matin.

Dans l'autre file, un jeune homme tenait le même butin que moi entre ses mains. J'ai souri de nouveau.

Je ne vais pas faire une critique sur le dernier opus de Muse. Ce n'est pas mon propos ni mon métier, et puis tous les goûts sont dans la nature. Tout ce que je sais, c'est que je suis tombée amoureuse. Je viens d'entrer en Résistance et j'y resterais un long moment, je crois. Je sais pertinemment que plein de fans sont déçus, le trouvant nul, pas à leur goût. Pas moi en tout cas. Ce virage psyché-rock mêlé de symphonie, je l'attendais depuis un moment déjà. Après deux écoutes seulement, plusieurs titres sont déjà en tête. Je les aime décidément ces p'tits gars du Devon...

Dites Père Noël, n'y a t'il pas un moyen de me trouver un billet pour les concerts qui s'annoncent ? Je ne prends pas beaucoup de place, promis, juré.

dimanche 13 septembre 2009

Reader's delight

Sonnez trompettes et tocsins, voici les réponses au reader's digest spécial lecture.

1er extrait - "le petit prince" - Antoine de Saint Saint-Exupéry

Comme j'en ai déjà longuement parlé dans mes madeleines volume 2, je ne reviendrais pas là dessus. Beaucoup ont reconnu l'extrait. L'un des plus beaux livres qu'il m'est été donné de lire et je le recommande non seulement aux enfants mais aussi - et surtout - aux adultes. Certains ont oublié la magie de l'enfance et de l'innocence. C'est bien dommage.

2ème extrait - " Virgin suicide" de Jeffrey Eugenides.

Jamais livre n'a été aussi bien adapté sur grand écran. Il faut dire que derrière la caméra, c'est Sofia Coppola qui officie. Premier film ; un coup de maître. Eugenides écrit peu malheureusement – deux livres à ce jour, mais je reste néanmoins très sensible à son écriture et à son univers. Quoi de plus fascinant en effet que de passer du triste destin des filles Lisbon à celui de l'hermaphrodite Callie Stephanides dans Middlesex, en cours d'adaptation lui aussi ? Je me suis laissée dire qu'il y avait un troisième livre en préparation. Si c'est vrai, j'ai hâte de découvrir la nouvelle pépite que nous a recueilli Jeffrey Eugenides dans les rivières de son imaginaire.

L'extrait que j'ai choisi pour le reader's digest est sans conteste mon passage préféré. Il est admirable au point de vue de la retranscription des sentiments et de l'écriture fluide. J'en suis jalouse au point de rêver d'en avoir été l'auteur, c'est dire !

3ème extrait - "au bonheur des dames" d'Emile Zola.

Autant Zola décrit des scènes à la limite du misérabilisme, autant celui-ci est tout l'inverse, voire quasiment un roman à l'au de rose... j'exagère ? A peine, ne dites pas le contraire. J'ai lu le bonheur des dames au moins cinq ou six fois sans que l'on m'oblige à le faire. J'aime assez la peinture qui est faite de la naissance balbutiante des grands magasins à la fin du siècle dernier.

Certes, son "Bonheur des dames" est fictif, mais il s'inspire largement de vrais modèles tels que le Bon Marché par exemple. L'étude sociologique, notamment les personnages secondaires – les commis et les seconds qui se bouffent littéralement le nez pour obtenir un meilleur salaire, est des plus passionnantes car ce grand magasin est un véritable microcosme de la société. L'histoire d'amour entre la vertueuse Denise et Octave Mouret passe au second plan selon moi.

4ème extrait "le K" de Dino Buzatti

S'il est un écrivain que je révère, tout autant qu'Oscar Wilde ou Philip K. Dick, c'est bien Dino Buzatti, sa triste fin, ses interrogations subtiles sur la vie, Dieu, l'amour et la mort qui transpirent dans chaque page de son oeuvre. Le K représente cette peur de vivre pleinement, cette fuite éperdue qui s'avère au final absurde, infondée... enfin, telle est mon interprétation.

Buzatti excelle dans l'art de la nouvelle. Son roman « le désert des Tartares » est difficile d'accès. Si vous avez l'occasion de lire le bouquin au complet, le K donc, arrêtez vous un moment sur cette drolatique nouvelle qu'est "le petit garçon".

5ème extrait - " Dracula" de Bram Stoker

Je suis fan d'histoires de vampires. J'en ai déjà parlé brièvement ici et là et je voulais éviter la chronique vampirique de Anne Rice – ce qui n'enlève rien à la qualité du Dracula de Stoker, qui est d'ailleurs un véritable chef d'œuvre de la littérature d'épouvante.

Le point fort de cet ouvrage est que tout tourne autour d'un personnage qui n'intervient jamais directement, sauf une fois, mais dont tous les personnages parlent et autour de qui gravitent le nœud de l'intrigue.

Le deuxième point fort est que le livre se présente sous forme de lettres ; ce n'est pas un roman narratif dans le sens premier du terme.

Le trait de génie de Stoker est de s'être inspiré d'un personnage historique, Vlad Tsepesch dit "Drakul", prince de Valachie au 15ème siècle, ennemi avoué de l'empire Ottoman. En Roumanie, il est considéré comme un héros national. A la base, Dracula devait s'appeler le comte Vampyr ce qui, avouez, aurait éventé rapidement la trame.

Le dernier point de ce livre réside dans le fait qu'à partir de lui, toute la mythologie moderne vampirique s'est mise en place car Stoker a doté des pouvoirs à ces créatures surnaturelles (transformation en brouillard ou en loup) et des faiblesses (crainte de la lumière du soleil, peur de la croix, indisposition à l'ail). Avant Dracula, le vampire n'était qu'un simple mort vivant "cul terreux" décérébré. Le roman lui a donné ses lettres de noblesse.

6ème extrait "le maître des illusions" - Donna Tartt

Je me suis prise à deux fois avant de lire de bout en bout ce pavé de près de mille pages, non pas que le propos ne soit pas intéressant, mais à l'époque j'avais tout simplement eu du mal à entrer dans l'histoire de plain pied. Je n'étais sans doute pas encore prête à le lire.

Donna Tartt l'a écrit en 9 ans. Ce thriller a la particularité de mélanger la mythologie antique par le biais des bacchanales, un mystère quasi ésotérique – tout cela est-il vrai ? - et la peinture du milieu universitaire américain entre désœuvrement et turpitudes. Un excellent thriller, haletant, où les apparences sont largement trompeuses et où l'on se fait balader avec grand plaisir. Quand on pense avoir trouvé la clé, la serrure change de forme. Bref, je recommande la lecture du maître des illusions.

7ème et dernier extrait "les liaisons dangereuses" - Choderlos de Laclos

Un classique de la littérature du 18ème siècle. Un magnifique classique sous la forme de missives que s'adressent plusieurs personnages principaux ou secondaires. Une machination machiavélique afin de dévoyer deux êtres vertueux, Madame de Tourvel et Cécile de Vollange. Deux méchants charismatiques, Valmont et Mme de Merteuil, qui jouent un curieux jeu - mais on se demande toujours qui manipule qui en définitive ?

Ce roman épistolaire est régulièrement au programme de bac français et je connais bien des lycéens qui rechignent à le lire. Pourtant ce sont quelques unes des plus belles pages que j'ai découverte. La langue française peut être des plus merveilleuses quand elle sait y faire... Ce passage en particulier est un vrai régal.

Voilà le petit tour d'horizon du reader's delight. Comme dirait AMF, une fois de plus, je ne me suis pas contentée de mettre les réponses puisque je n'ai pas pu m'empêcher de rajouter mes commentaires. J'ai d'autres idées de quizz (toujours ce fameux "spécial années 80") et pour ceux qui adorent le cinéma comme moi, j'ai commencé à bricoler un petit truc.

Sur les 4 participants, Feenix, AMF, Fab' et Marine, les scores ont été relativement serrés. Mais Marine l'emporte d'une courte tête avec 6 bonnes réponses. Si tu passes dans le coin, entre la sortie du prochain opus de Muse et ta rentrée qui rapproche, tu peux me demander par mail un sujet de ton choix ou un dessin de ma petite patte... La balle est dans ton camps. Et comme dirait la voix : "c'est tout, pour le moment" :).

vendredi 11 septembre 2009

Une seconde d'inattention

Quand je fais mes courses dans une grande surface, si je préfère à tous les coups régler mes achats à une caisse normale, c’est-à-dire avec derrière une femme, ou un homme – je ne suis pas sectaire, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, j’opte pour le contact, si fugace soit-il avec un être humain plutôt qu’un écran, mais surtout parce que je suis de nature méfiante vis-à-vis de ces nouvelles caisses minutes qui poussent comme des champignons. Et j’ai bien raison finalement de m'en méfier comme le prouve l'anecdote qui va suivre.

On fait toutes et tous ces gestes quotidiens, qu’on accomplit machinalement, sans forcément avoir à contrôler compulsivement, comme par exemple retirer les clés de la porte d’entrée avant de la claquer afin de jeter les sacs poubelles dans le local. Si je dis ça, c’est parce qu’il m’est déjà arrivé d’être enfermée dehors parce que je n’avais pas vérifié si ces maudites calisses de clés étaient bien dans ma poche ! A l’avant-veille de Noël, en début de soirée, je vous laisse imaginer l’addition quand il s’agit de faire appel à un serrurier ! Mais revenons plutôt à nos moutons et à ces secondes d’inattention lorsque vos habitudes sont bouleversées.

La scène se passe donc la semaine dernière dans un grand centre commercial de la métropole situé juste à côté d’un magasin suédois qui vend des meubles – ça c’est pour nos amis Lillois. Cela fait deux soirs que je donne un coup de main à mon meilleur ami afin de retaper son appartement. D’où la fréquentation assidue de tous les magasins de meubles et de déco et, accessoirement, d’alimentation puisqu’il faut bien nourrir les deux forçats. Ma clé wifi étant en panne, voire carrément claquée – euh je crois que j’ai marché dessus… ne me demandez pas ce que fiche une clé wifi par terre mais c’est comme ça, j’en profite donc pour m’en offrir une autre, si possible plus performante.

On fait les cons dans les rayons ; on tourne en rond aussi – le sport national en grande surface et on finit par boucler nos courses au bout d’une grosse demie heure. Mais voilà, je ne m’attends pas à ce qu’il y ait autant de monde pour un jeudi soir ! Et comme on est pressés et fatigués, on file à ces fameuses caisses minutes. C’est là que mon cerveau aurait dû enclencher son alarme, mais avec des si… on pourrait caser un éléphant dans mon salon. Je trouve pourtant l’utilisation de ces caisses, dont je me méfie, assez aisée, rapide et pratique. Je repars toute fière. J’attends mon acolyte et, parce que je suis un peu maniaque sur les bords, je vérifie que ma carte bleue est bien dans mon portefeuille. La nouveauté me perturbe et j’ai tendance à contrôler quand ça me perturbe. Sauf que… sauf que de carte bleue, niet pas l’ombre d’une. Et j’ai beau fouiller, revenir sur mes pas, demander à la responsable des caisses minutes si par hasard… toujours pas de carte. Là, un grand moment de solitude ; un échafaudage des pires scénarios – j’ai posé ma carte, on me l’a piqué juste derrière moi, on a vu le code que j’ai tapé et on est reparti dans le magasin se servir aux frais de l’Intrépide, bref que des idées bien sympathiques et plombantes qui vous gâche une soirée à priori commencée sous les meilleurs auspices.

Pas le choix, je dois faire opposition. Je peux vous assurer qu’à ce moment je suis vraiment, vraiment énervée. D’autant plus que je ne sais pas si vous avez eu affaire à ce fameux numéro en 08 récemment, mais c’est le parcours du combattant avant d’avoir un interlocuteur au bout du fil pour qu’il mette le schmilblick en route. En gros un bon quart d’heure, soit recomposer le numéro parce qu’on oublie un chiffre, qu’on fait une mauvaise manip’ ou que l’attente est trop longue. Ce qui fait qu’à 21 heures, ma carte est enfin bloquée. Pour resituer le truc, j’ai constaté sa disparition une demie heure plus tôt . Allez avouez, c’est quand même plus palpitant qu’un épisode de "FBI portés disparus", non ? Non ! Ok, sans doute, mais l’histoire n’est pas encore terminée...

Nous repartons donc chez mon pote. Moi maugréant dans mon coin, dégoûtée, me foutant des claques mentalement à cause de cette fichue seconde d’inattention. On peut dire que la soirée est à l'eau.

La chute ? Et bien en rentrant, je vérifie une dernière fois mon portefeuille tranquillement y compris au seul endroit où je ne mets jamais, mais alors jamais, quoique ce soit qui ressemble de près à une carte bleue ou carte de retrait, à savoir la pochette des pièces de monnaie. Et que croyez vous qu’il arriva ? En plein dans le mille !

Ce qui fait que je me retrouve avec une carte perdue, sur laquelle j'ai fait opposition puis que j'ai retrouvé comme une courge, mais dont je ne peux pas me servir... et que j’attends ma nouvelle carte bleue – encore heureux que j’ai encore un peu de liquide sur moi.

Moralité : les caisses minutes des grandes surfaces ne sont pas prêtes de me revoir !

dimanche 6 septembre 2009

Par ici on brade...

Des bradeux qui s'installent une semaine à l'avance, ayant négocié au plus serré les meilleures places et veillant jalousement sur leur emplacement avant le lancement de l’événement.

Les grands boulevards qui se ferment peu à peu à la circulation dès le vendredi 16 heures. Des centaines de voitures qui sortent de la ville et autant dans l'autre sens, sans discontinuer.

Le rituel du semi marathon du samedi matin qui donne le coup d'envoi au paradis de la chine.

2 à 3 millions de paires de jambes qui piétinent dans les rues de la ville à la recherche de l'objet improbable mais une foule moins dense la nuit ; une foule plus aguerrie quand il s'agit de se munir de lampes torche afin de trouver le bon objet au bon moment. Deux millions selon la police ; trois selon les organisateurs ;-) !

100 km d'étals le long du canal, sur les grands boulevards, dans les rues piétonnières - ça déborde de partout, les antiquaires du côté de Jean Baptiste Lebas ou quai de Wault....

Des concerts place François Mitterand - rien de tel pour le voyageur en provenance d'Outre Manche, ou d'outre Quiévrain.

Des baraques à frites une peu partout, à chaque coin de rue ou presque, et des kébabs à l'aspect douteux ; le concours du plus gros tas de moules-frites entre les brasseurs - la guerre fait rage !

Les rues jonchées de canettes vides, de papiers gras et tickets de métro le dimanche en fin d’après midi, quand tout le monde commence à déserter, comme si la ville avait la gueule de bois. Tiens, justement le métro où c'est le seul moment où les contrôleurs vérifient les titres de transport avant que le voyageur ne monte dans la rame.

Voici un instantané de ce que peut donner la braderie à Lille. Chaque premier week end de septembre, en route pour 48 heures de folie festive et, comme chaque année depuis que je vis ici, un week end où je me retire à l'instar de milliers d'autres. Non pas que je n'aime pas la braderie mais que, voulez-vous, c'est aussi l'anniversaire de mon filleul ! C’est vrai, il faut l'avoir fait au moins une fois dans sa vie ; ça tombe bien, je l’ai déjà faite, baguenaudant par ci par là et en trouvant moi aussi l’objet inutile que j’aurais rangé dans mes placards au bout de quinze jours.

Mais promis, demain je rentre avec armes et bagages...

mardi 1 septembre 2009

Crayons, gommes, cahiers de brouillon

En passant toute à l'heure dans une grande surface, et devant la foule de mères affublées de leur marmaille, poussant leur caddies en soupirant de fatigue, je me suis souvenue de l'excitation que je ressentais juste avant la rentrée scolaire.

Munis de nos listes, nous trottinions gaiement derrière nos parents pour qui c'était là plus une corvée qu'un plaisir. Pour nous, ces emplettes avait quelque chose de spécial. Tous les compteurs étaient remis à zéro et nous repartions pour la plupart vers l'inconnu – de nouveaux camarades de récré ; de nouveaux profs.... mais toujours les vieux préfabriqués dans lesquels nous grelottions en plein hiver, faute de place en attendant que les travaux d'agrandissement se terminent.

Le rayon des fournitures était notre royaume. Encore maintenant, j'aime passer parmi les crayons de couleurs ou à mine grasse, les cahiers de brouillon et les pochettes de Canson A4.

Tout était neuf, vierge de notre année à venir. Tout restait à écrire sur ces cahiers de textes où chaque jour de la semaine était représenté par une couleur différente. Les agendas de marque sont désormais préférés à ces cahiers de bord au charme naïf. L'odeur du neuf me mettait en joie et je m'échappais du reste des courses, plus ordinaires, afin de passer du temps parmi les règles, les rapporteurs, les compas, les gommes ou autres outils indispensables au collégien. Le reste de l'année, j'esquivais plus ou moins ces rayons. Plus tard, mes pas se porteraient vers la VHS, puis les DVD, et la musique.

La rentrée était également l'occasion pour nos parents de refaire une garde robe, ou tout au moins de nous offrir une "tenue de rentrée" digne de ce nom. Oh, rien de d'extravagant ; juste un jean, un sweat shirt ou un joli pull, et des baskets que mes pieds mettraient des semaines à casser.

Le compte à rebours commençait après les courses.

La veille proprement dite, j'avais toutes les peines du monde à trouver le sommeil, me retournant sans cesse dans mon lit, angoissée et énervée à l'idée de repartir pour une année.

La semaine qui suivait était à l'image de cette excitation que nous ressentions : le prêt des manuels que nous devions recouvrir et sur lesquels nous devions coller l'étiquette à notre nom, ainsi que notre classe ; les professeurs que nous découvrions ou que nous retrouvions et, pour qui chaque première heure de cours, commençait par l'immuable : "prenez une feuille à grand carreaux, coupez là en deux, et notez votre nom, celui de vos parents et leur profession.... " ; la cloche qui sonnait les premières récréations et le préau ou tout le monde s'assemblait par petits groupe, nous nous racontant nos péripéties, un pied encore dans ces vacances pas si lointaines.

Cette semaine d'avant la rentrée justifiait à elle seule l'attente de nos derniers jours d'août.

Le reste de l'année retombait ensuite dans une douce routine – le bus à prendre, le vélo quand il fait beau, les repas pris à la cantine ; une routine ronronnante, rassurante, lénifiante.